Revoilà relancée la polémique sur le nucléaire nord-coréen. Pyongyang posséderait-elle la bombe, comme l'ont déclaré les autorités du pays où les matins ne sont plus calmes depuis longtemps, surtout depuis que G. W. Bush a inclus la Corée du Nord dans l'Axe du Mal ? Il n'en fallait pas plus, en 2002, à Pyongyang pour « avouer » qu'elle possédait une capacité nucléaire et confirmer cela en août de l'année suivante allant jusqu'à prétendre qu'elle pouvait procéder à des essais nucléaires non sans avoir au préalable fait déployer des missiles de longue portée le long de la frontière avec le pays frère du Sud et vers le Japon. Les Américains ont aussitôt privilégié la « diplomatie » afin de ramener la « tumultueuse » Corée du Nord à la raison et la pousser à s'asseoir à la table de négociations avec d'autres partenaires, dont la Chine, le Japon, la Corée du Sud, la Russie, entre autres, et tenter de mettre fin ainsi à une crise qui dure aujourd'hui depuis trois ans. La polémique de la bombe de Pyongyang tranche, par contre, avec celle qui oppose toujours Washington à Téhéran autour du programme nucléaire iranien et dans laquelle l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a été « instrumentalisée » au cours d'une véritable campagne diplomatique déclenchée, en juin 2004, par les Américains et attisée par les arguments israéliens. Tel-Aviv s'était, en effet, efforcé de présenter l'Iran sous des apparences hostiles et foncièrement anti-israéliennes et qui travaillerait à la destruction de l'Etat hébreu en développant un arsenal offensif constitué de fusées et d'ogives nucléaires qui rendrait les principales villes et localités israéliennes à la portée des missiles iraniens. Les Etats-Unis avaient alors fait pression sur l'Egyptien El Baradei, en quête d'un mandat supplémentaire à la tête de l'AIEA, pour l'amener à essayer d'acculer Téhéran à désarmer dans le cadre d'un fameux plan de dénucléarisation du Proche-Orient, alors que la puissance atomique de la région, à savoir Israël, n'était pas du tout inquiétée, ni par El Baradei ni par les autres. Bien au contraire, la veille du passage du directeur de l'AIEA en Israël où la très informée revue britannique Jane's Review estimait qu'il existerait près de 400 têtes nucléaires, Ariel Sharon, le Premier ministre israélien, affirmait qu'il ne comprenait pas pourquoi le directeur de l'AIEA voulait faire escale à Tel-Aviv et que, de toutes les manières, il n'obtiendrait rien de sa part. Israël ne renoncera pas à son arsenal nucléaire. Voilà au moins une réponse qui avait le mérite d'être claire et de préciser les intentions de Tel-Aviv dans la région sans que Washington trouve rien à redire,