L'ennemi mortel de l'Algérie réside d'abord dans nos mentalités et a pour nom l'insouciance, la médiocrité. Avec cette idée de réforme des mentalités, rappelée lors du discours qu'il a prononcé hier, à l'ouverture du 3e congrès de son parti, le RND, Ahmed Ouyahia annonce en filigrane, véritablement, une révolution sociale. Car maintenant que la résistance populaire et les services de sécurité ont brisé la colonne vertébrale du terrorisme islamiste, il reste un autre ennemi tout aussi destructeur qui n'est autre que nos mentalités. Et c'est contre cet ennemi-là, que le chef du gouvernement appelle à mener «le grand Djihad». «L'ennemi mortel de l'Algérie réside d'abord dans nos mentalités: il a pour nom l'insouciance, la médiocrité ainsi que les égoïsmes individuels qui prennent le dessus sur la collectivité, sur nous-mêmes, sur notre Patrie», a déclaré hier, Ahmed Ouyhia lors de son discours qu'il a prononcé à l'ouverture du 3e congrès de son parti, le RND. Ouyahia a lancé cette idée il y a de cela trois ans, avant de la rappeler avec force il y a 7 jours lors de son passage à la Radio nationale, Chaîne II: «La victoire sur cet ennemi n'exige pas tant le sacrifice suprême assumé par beaucoup pour que survive l'Algérie. Cette victoire en appelle au Grand Djihad, celui du sursaut des consciences, de la mobilisation des efforts, ainsi que de la résurgence du Patriotisme, tout cela au service de la construction nationale.» Le chef du gouvernement semble avoir bien mûri son projet. Aussi a-t-il suggéré, dans son discours d'hier qui s'apparente à une déclaration de politique générale, les moyens et les méthodes pour y parvenir. C'est la main de fer pour faire appliquer le droit, qui se décline dans son discours. En revanche, on comprend que M.Ouyahia veut rassembler, autour d'un même objectif, les compétences nationales tant politiques qu'intellectuelles et redonner son sens noble au travail. «L'Algérie n'avancera pas avec d'un côté ceux qui travaillent et de l'autre ceux qui se confinent dans la seule critique. Elle ne se redressera pas avec d'un côté, ceux qui souffrent et de l'autre ceux qui s'enrichissent indûment. Elle ne se construira pas en comptant seulement sur l'apport de l'Etat, sur des droits à réclamer sans devoirs à assumer», a indiqué Ahmed Ouyahia. Il a laissé entendre qu'il va faire respecter l'ordre sans concession et n'acceptera pas de chantage ni de surenchère: «L'Algérie ne progressera pas dans l'anarchie et dans la surenchère. Elle ne se construira pas avec l'ignorance des compétences locales au profit de schémas conçus par d'autres, de l'extérieur, pour servir d'abord leurs propres intérêts», a-t-il dit, ajoutant que «l'Algérie ne trouvera pas de salut dans les débats idéologiques. Ni le repli sur le passé, et encore moins le renoncement à notre identité par mimétisme, ni la course dogmatique vers l'ouverture économique, et encore mieux le populisme, n'apporteront de réponses à nos problèmes.» Plus que jamais pragmatique, il secoue les illusions et reconnaît qu'«aujourd'hui déjà, sans le pétrole, notre nourriture quotidienne ne pourrait être assurée, car elle dépend de coûteuses importations, et que même les salaires des fonctionnaires ne pourraient être versés par l'Etat».