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Ahmed Ouyahia : l'économie se porte mal
Ouverture hier du troisième congès du RND
Publié dans El Watan le 26 - 06 - 2008

L'économie nationale est en panne ! Ce vieux constat, bien connu des Algériens, émane cette fois-ci de Ahmed Ouyahia, fraîchement nommé pour la troisième fois chef du gouvernement. « Notre pays est toujours gravement dépendant des seules recettes du pétrole, y compris pour garantir notre alimentation importée », soulignait-il hier à Alger dans son discours à la cérémonie d'ouverture des travaux du 3e congrès de son parti, le RND. Louant les progrès accomplis au plan économique et social, le secrétaire général (réélu hier) du RND se demande si l'Algérie est à l'abri d'un nouveau krach économique semblable à celui vécu dans les années 1990 et qui a nécessité, à ses yeux, un « humiliant rééchelonnement » de la dette. « Est-ce à dire que tout va bien ? Et à dire que l'Algérie s'est enfin libérée d'une dépendance économique excessive envers l'extérieur ? Est-ce à dire qu'elle a libéré ses citoyens de la dépendance envers l'aide de l'Etat ? Est-ce à dire que tous nos compatriotes sont heureux dans leur quotidien et rassurés sur leur avenir ? La réponse est assurément non », conclut-il, insistant sur le fait qu'il y a des jeunes Algériens, acculés par le désespoir, qui sont contraints au suicide à travers les mers et que la criminalité et les maux sociaux se propagent à travers le pays, jusque dans les villages les plus reculés.
Cela, souligne-t-il encore, pendant que certains sont attelés à accumuler des richesses mal acquises. M. Ouyahia considère la bureaucratie comme un véritable frein au développement économique.
Elle est pesante, dit-il, ne s'adapte toujours pas aux réformes pour se mettre efficacement au service du citoyen et elle ne réalise pas encore la nécessité cruciale de faciliter l'investissement, pour la création de richesses et surtout d'emplois si nécessaires, face au poids pesant du chômage sur la société et notamment sur les jeunes. » Loin de pointer du doigt tel ou tel responsable. Il estime que l'amélioration de cette situation ne peut dépendre d'un homme seul, félicitant au passage le président Bouteflika « pour avoir, selon lui, interpellé la société au sursaut salvateur qui exige le concours de tous ».
« Anarchie et surenchère »
Il se dit que le gouvernement à lui seul ne pourrait pas changer le cours des choses. « Une crise de société ne se dépasse réellement qu'avec le concours de tous », indique-t-il, affirmant que « les crises sont cycliques si leurs leçons ne sont pas réellement assimilées ». S'étalant sur le sujet, Ahmed Ouyahia se dit convaincu que « l'Algérie n'avancera pas avec d'un côté ceux qui travaillent et de l'autre ceux qui se confinent dans la seule critique », « elle ne se redressera pas avec d'un côté ceux qui souffrent et de l'autre ceux qui s'enrichissent indûment », « elle ne se construira pas en comptant seulement sur l'apport de l'Etat, sur des droits à réclamer sans devoirs à assumer ». Elle ne peut progresser « dans l'anarchie et dans la surenchère » ni se construire « avec l'ignorance des compétences locales au profit de schémas conçus par d'autres, de l'extérieur, pour servir d'abord leurs propres intérêts ».
Sans détours ! Avec insistance, il appelle les Algériens à dépasser « les débats idéologiques ». « Ni le repli sur le passé, ni encore moins le renoncement à notre identité par mimétisme, ni la course dogmatique vers l'ouverture économique, ni encore mieux le populisme, n'apporteront de réponses à nos problèmes », lance-t-il à l'adresse de l'assistance. Pour lui, l'illusion est de ne pas reconnaître aujourd'hui que sans le pétrole, notre nourriture quotidienne ne pourrait être assurée, car elle dépend de coûteuses importations, et que même les salaires des fonctionnaires ne pourraient être versés par l'Etat.
Tout en soulignant clairement la fragilité de l'économie nationale, il appelle à rompre avec « le mythe de l'aisance financière » et à réaliser que si le prix du pétrole passe en dessous de la barre des 60 dollars tous les projets du pays seraient chimériques et sans lendemain. Le nouveau chef du gouvernement est allé jusqu'à presque remettre en cause toute la politique actuelle du gouvernement qui consiste à dépenser l'argent du pétrole, et ce, en disant que « la bonne gouvernance ne consiste pas seulement à dépenser les recettes du pétrole ».
Mais elle est « une régulation efficace et honnête au service des citoyens et des producteurs et une application ferme de la loi pour tous et au bénéfice de tous ». « Le bien-être des uns ne peut avoir de sens sans une stabilité sociale garantie par un bien-être partagé », soutient-il, dénonçant ceux qui bâtissent leurs richesses au détriment de l'économie nationale et par voie de fraudes diverses. Il souligne enfin que l'ennemi mortel de l'Algérie n'est pas le terrorisme, mais plutôt « l'insouciance, la médiocrité ainsi que les égoïsmes individuels qui prennent le dessus sur la collectivité, sur nous-mêmes, sur notre patrie ».


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