La régulation passera par plusieurs étapes avant d'arriver à la tarification finale. Lors du séminaire sur «l'analyse et planification économique dans le secteur de l'eau», organisé par la Gesellschaft für technische Zusammenarbeit (GTZ) et l'ambassade de la République fédérale allemande à Alger, le Dr Yann Laurans, économiste en eau, a appelé hier à intervenir sur les prix de l'eau dans la régulation de ses usages et l'amélioration de la gestion de l'ensemble des ressources. Cette intervention devrait se faire à plus d'un niveau. Le premier étant le plus redoutable, celui du «porte-monnaie» du citoyen. En effet, selon le conférencier, le développement rapide de la société, la complication des systèmes de gestion de la ressource hydrique, des normes standard et des règles techniques qui les caractérisent, mènent parfois à des dépassements dans la gestion de l'eau et la réponse aux demandes parfois abusives des citoyens. C'est donc logique que le programme de la gestion intégrée de la ressource en eau (Gire) proposé par GTZ prévoit d'intervenir directement sur les coûts de ce produit à large consommation pour sensibiliser davantage les consommateurs à un meilleur usage de celui-ci et surtout à sa rationalisation. «Le système se complexifie et on peut encore moins qu'avant mettre un gendarme derrière l'usager, alors quel est le meilleur gendarme interne de l'usager, c'est le porte-monnaie (...) c'est donc en intervenant sur le prix de l'eau qu'on va modifier le comportement du consommateur» a déclaré le Dr Laurans. Cette régulation, prévoirait une tarification au «coût complet», c'est-à-dire la somme de quatre composantes, à savoir les coûts d'exploitation courants(CEC), la consommation de capital fixe (CCF), le coût d'opportunité du capital(COC) et les coûts environnementaux (CE). Le but visé par cette opération est le «recouvrement» c'est-à-dire que le prix traduise le coût de production, mais aussi l'utilisation plus rationnelle de l'eau, inciter à la limitation des gaspillages et rediriger les allocations hydriques. M.Laurans a aussi tenu à préciser que l'eau en elle-même n'est pas un bien économique, comme certains le croient, c'est le service qui l'est. «Il y a un problème à dire que l'eau est un bien économique, l'eau est un bien naturel, ce qui est économique c'est le service». Cet «outil de la Gire» prévoit aussi dans ses coûts environnementaux la mise en place d'une taxation environnementale basée sur l'ampleur des dommages causés par l'exploitation d'un point hydrique. Par ailleurs, la régulation passera par plusieurs étapes avant d'arriver à la tarification finale, et ce en intégrant un à un les coûts comptables, ceux des investissements et les coûts sociaux et environnementaux. Cette opération vise aussi à consa-crer les fondements de la conférence de Dublin de 1992 impliquant que la gestion de l'eau considérée comme une ressource «limitée» et «vulnérable», doit être basée sur une approche participative, impliquant usagers, décideurs et administrations à tous les niveaux. Pour M.Laurans, «l'économie est l'instrument essentiel de la gestion des ressources en eau (...) mais il n'y a pas d'économie sans instruments politiques et sociaux». Pour ce faire, elle prévoit aussi, une analyse et un diagnostic précis sur le plan économique du système, pour ainsi mieux reconnaître les défaillances de ce dernier et ses besoins à la faveur d'un bon investissement. Ce programme paraît toutefois paradoxal et pour cause, à l'heure où la question de l'eau revêt une dimension socio-politique sensible et surtout après que le premier responsable du secteur de l'eau, le ministre Abdelmalek Sellal ait annoncé, il y a de cela quinze jours, la baisse des prix de l'eau minérale. Le séminaire a été clôturé par l'annonce du président de la séance de la tenue du premier Salon, congrès et Bourse de coopération algéro-allemande sur l'environnement, du 19 au 21 octobre prochain à l'hôtel Sheraton d'Alger.