Le sélectionneur néerlandais de la Russie, Guus Hiddink, a semé ses graines en vue du Mondial-2010 en Afrique du Sud, avec un Euro-2008 réussi, en dépit de deux revers contre l'Espagne, pour le premier match de groupes (4-1) et la demi-finale (3-0). Aura A 61 ans, Hiddink mérite toujours son surnom de «Sorcier». Après avoir atteint les demi-finales du Mondial-1998 avec les Pays-Bas, celles du Mondial-2002 avec la Corée du Sud, il a accédé à celles de l'Euro-2008 avec la Russie, l'équipe la plus jeune du tournoi (environ 26 ans de moyenne d'âge). Sans oublier qu'il avait réussi, exploit là aussi, à mener l'équipe d'Australie jusqu'aux huitièmes de finale du Mondial-2006. Pour la Russie, c'était tout simplement la meilleure performance dans un grand tournoi depuis l'éclatement du bloc soviétique. Ce résultat pourrait valoir à Hiddink d'obtenir la citoyenneté russe et un surcroît d'entregent dans le microcosme du football russe. Messages Le sélectionneur globe-trotter maîtrise habilement sa communication et a fait passer des messages ces derniers jours. Avant la demi-finale, il a ainsi répété devant la presse que les bons résultats de la sélection russe devaient se répercuter sur les infrastructures du football russe, dont la modernisation est urgente. Roman Abramovitch, l'un des grands argentiers du football russe, qui faisait partie du cercle d'initiés à l'origine de la venue d'Hiddink à la tête d'une sélection en pleine reconstruction, aura sans doute saisi le sens de cet appel. Juste après la demi-finale, le sélectionneur a aussi regretté le «manque de profondeur» de son banc, sans vouloir toutefois se retrancher derrière cette excuse. Là aussi, le message est clair et sans doute destiné à améliorer la détection des talents dans un pays qui, même depuis la chute de l'URSS, possède un réservoir de population important (142 millions d'habitants, 2 millions de licenciés). Expérience Les deux revers contre l'Espagne ont été riches d'enseignements pour les Russes. Le premier leur a montré comment il fallait aborder un match d'ouverture dans un grand tournoi, surtout quand il s'agit d'un Championnat d'Europe où les erreurs peuvent se payer comptant (à l'image de l'équipe de France, l'une des favorites du tournoi, éliminée dès le premier tour). La demi-finale fut aussi un guide de maîtrise tactique et technique à l'usage des apprentis que sont les Russes. «Les grandes équipes savent comment arriver en finale d'un tournoi. Pour nous, c'était nouveau d'arriver à ce niveau», a commenté Hiddink. Et de décortiquer le jeu espagnol: «Ils continuent à caresser le ballon, leurs adversaires se fatiguent. Ils savent que ça va venir et ils marquent». Sans copier la «Roja», cette circulation de balle destinée à étirer les lignes peut être une voie à explorer dans un football international qui a redécouvert les vertus du jeu offensif à l'occasion de l'Euro. L'effet Arshavin L'éclosion d'Arshavin, même s'il est passé totalement à côté de sa demi-finale, doit être bénéfique pour le football russe. Si le joueur du Zenit Saint-Pétersbourg part à l'étranger -il rêve de porter le maillot du FC Barcelone- l'expérience qu'il retirera d'un grand club européen ne pourra être que bénéfique. Surtout en matière de gestion psychologique de la pression et des grands rendez-vous, ce qui lui a sans doute manqué face à l'Espagne. Le mercato estival dira aussi si les joueurs russes ont attiré l'attention des recruteurs. Ce qui serait aussi une bonne nouvelle pour le football russe.