Entre celles annulées et d'autres refaites, cette ville balance entre l'effervescence et l'indifférence. Le Président Bouteklika a rejoint, dans la matinée d'hier, la ville de Sidi Bel Abbes. Le long du boulevard de la République, un «bruyant» bain de foule lui a été réservé. Effigies géantes à son image, banderoles coloriées, troupes folkloriques, coups de baroud et chaleur printanière des «accueils de masse»; tout paraît souscrire à une volonté de faire bien et d'en mettre plein les yeux. L'occasion aussi pour quelques citoyens de remettre des lettres de doléances. Des habitants du très enclavé village d'El Bouaèche dans la daïra de Tenira (sud-est du chef-lieu de wilaya) ont appelé le Président à améliorer leurs conditions de vie «au nom de la clémence et non seulement de la responsabilité», dit la lettre. Des cadres de l'éducation condamnent les pratiques d'exclusion dont ils sont victimes de la part de la direction de l'éducation de la wilaya alors que le terrorisme, écrivent-ils, les a fait fuir de leurs emplois et les a poussés vers le chômage. On murmure aussi que les candidats des listes indépendantes (en fait des dissidents du FLN de l'époque de Benhamouda, l'ex-secrétaire général) rejetées par l'administration pour «vice de procédures», ont notamment adressé au Président une lettre où ils contestent cette décision. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, contacté sur place, a déclaré que les recours existent et que l'administration ne peut qu'obéir aux décisions de la justice. «Il y a des candidats qui ne connaissent pas la loi électorale», ajoute le ministre. «Pourtant sur ces listes figurent des avocats de renom et d'expérience», rebondit une source locale. Le programme de la visite présidentielle, qui s'étale jusqu'à aujourd'hui, touche plusieurs secteurs: enseignement supérieur, logement, hydraulique, etc. La première station après le bain de foule a été la pose de la première pierre du projet des 600 logements de la formule logement social participatif à Beni Amer. Cette formule, aime-t-on à répéter ici, a été «inventée» par l'ex-wali de Sidi Bel Abbes. On se souviendra des émeutes de l'été 2000 lorsque le scandale d'une liste d'attribution de 1250 logements avait éclaté. Quelques élus suspendus, une révision de la liste et les choses sont rentrées dans l'ordre. Le prochain «point» était le lancement du projet de la faculté des sciences juridiques avec ses 2000 places pédagogiques ainsi que l'inauguration de l'Institut des sciences économiques, ouvert depuis trois ans. Dans l'après-midi, un détour s'est imposé, dit-on ici à Bel Abbes par la zone industrielle, à la sortie Est de la ville. Là, le Président Bouteflika a inauguré une usine de transformation de tomate industrielle et visité le complexe Enie. Les projets les plus importants, estiment les sources locales, restent les travaux de lutte contre les inondations occasionnées par les crues de l'oued Mekerra qui traverse la ville de Sidi Bel Abbes. Aujourd'hui, la tournée de Bouteflika le conduira, la matinée, dans les communes de Ben Badis et de Sidi Lahcène. Dans cette dernière, Bouteflika devra poser la première pierre du projet d'AEP de Sidi Bel Abbes à partir du barrage de Sidi El Abdeli à Sidi Lahcène. Après cette visite matinale, Bouteflika se rendra directement dans la wilaya de Tlemcen. Au programme figurent les villes de Nedroma, Ghazaouet et Sebdou et, bien sûr, celle du chef-lieu de la wilaya. D'aucuns commentent cette dernière virée comme une réponse à un besoin de se ressourcer. Bouteflika, face aux convulsions qui malmènent la scène nationale, a du pain sur la planche, dit-on ici.