Selon un journal américain, d'autres renforts portant beaucoup plus sur les différents équipements et d'autres produits alimentaires, sont attendus dans l'avenir. Le commandement américain fait son premier pas en Afrique. Attendus au Sahel, les Américains pénètrent plutôt par les côtes atlantiques. La Mauritanie serait, semble-t-il, la fenêtre qui ouvre aux Américains le territoire africain. Déjà, 200 marines de l'armée américaine ont été dépêchés en Mauritanie. L'information a été publiée cette semaine par un journal américain. Cette source indique que ces soldats sont arrivés en Mauritanie depuis plus de deux mois. Ils sont installés dans la ville de Atar, sise au centre-ouest du pays, aux frontières avec le Mali. Cette ville est située à quelques kilomètres de l'océan Atlantique. Le rédacteur de l'article souligne que l'ambassadeur américain à Nouakchott, Mark Boulware, s'est rendu trois fois en l'espace de deux mois dans cette localité. L'arrivée des Américains a été estimée comme étant un premier pas vers l'objectif de l'Africom. La visée avouée de cette mission est d'apporter «une aide humanitaire» à l'armée mauritanienne. Le même article signale que d'autres renforts sont attendus dans les prochains jours. Se référant aux déclarations du premier responsable de l'Africom, Max Blumenfield, le même quotidien indique que le prochain renfort portera beaucoup plus sur les différents équipements et d'autres produits alimentaires. Washington avait formulé son souhait, auprès du pouvoir mauritanien, de faire de ce pays un siège pour l'Africom. Une demande qui a suscité du bruit. La classe politique mauritanienne était divisée. L'opposition a mis son veto au projet. Elle a prévenu le gouvernement qu'elle refuse l'installation d'une base militaire étrangère dans le pays. Elle est allée jusqu'à menacer de mener des manifestations pour faire capoter la demande américaine. Dans la forme, le «geste» américain peut être qualifié de «louable». Les marines viennent pour une «aide humanitaire». Mais rien ne se fait pour rien. Car, dans le fond, c'est loin d'être le cas. La politique américaine n'est jamais fondée sur le hasard. La cause humanitaire n'est en réalité qu'une couverture confortable. Les Américains sont loin d'être motivés par les «aides humanitaires». La raison principale de leur présence est liée à l'entraînement des armées des pays de la région. Ils souhaitent, également, moderniser les armées du continent noir et leurs systèmes d'armement, ouvrant une brèche en Afrique, monopole de l'Europe, pour son industrie militaire. La majorité des pays africains coopèrent toujours avec leurs anciens colonisateurs (européens), que ce soit dans l'entraînement des armées que dans l'achat d'armes et de munitions. Donc, l'entrée des Etats-Unis et ses offres d'assurer l'entraînement aux armées locales est déjà un signal fort annonçant une rivalité entre les complexes militaro-industriels américains et européens. Le président George W.Bush a souhaité créer un commandement américain pour l'Afrique. Pour lui, les problèmes de sécurité dans ce continent peuvent être réglés à partir d'une présence américaine dans le continent noir. Le général Ward, un haut responsable de l'Africom, a affirmé, lors d'une tournée en Tunisie et au Maroc, que la menace d'«Al-Qaîda dans les pays du Maghreb islamique» nécessite une coopération à «long terme» avec les pays africains afin d'assurer la sécurité et la stabilité de la région. Vu la situation stratégique de l'Algérie au carrefour de l'Afrique, de l'Europe et du monde arabe, les Américains avaient exprimé leur souhait d'installer cette base sur le sol algérien. Alger n'a pas donné suite. «Pas de base américaine sur le sol algérien», a alors indiqué le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. L'information a été démentie aussi bien par la partie algérienne que celle américaine. L'Algérie déclare n'avoir reçu aucune demande officielle des Etats-Unis. Robert S. Ford, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, a déclaré la semaine dernière que son pays n'a jamais demandé «officiellement» d'installer l'Africom en Algérie. Au-delà des positions des uns et des autres, les USA continuent à chercher un territoire africain (sahélien de préférence) pour s'installer en Afrique. Lors de cette même tournée en Tunisie et au Maroc, le général Ward a animé une conférence de presse dans ce dernier pays il parla de «l'intelligence de coopération militaire». En Tunisie, il a assisté aux manoeuvres des forces tunisiennes dans la base de Bizerte. Celle-ci s'inscrit parmi les cibles des Américains. Ils veulent en faire une base permanente. Pour rappel, Bizerte était l'une des bases les plus importantes de l'armée française durant la colonisation de l'Afrique du Nord. Dans une interview accordée au journal Al-Hayat, le général Ward réitère que les USA ne demandent pas aux autorités tunisiennes de fournir les équipements aux forces américaines dans Bizerte. C'est un signe que les Etats-Unis cherchent, d'une manière ou d'une autre, à renforcer leur présence sur le continent noir, notamment dans la bande sahélienne. Dès lors, la présence de militaires américains en Mauritanie doit-elle être comprise comme un premier pas de l'Africom en Afrique? Les jours et les semaines à venir nous en diront sans doute un peu plus.