La Suisse et l'Autriche ont réussi à organiser un Euro qui s'est déroulé sans anicroche. Michel Platini, président de l'UEFA, peut être heureux, avec un Euro-2008 où le beau jeu est revenu sur les terrains, où la fête était au rendez-vous, avec une organisation sans faille, mis à part une retransmission télévisée interrompue par la faute d'un gros orage. Il y a 24 ans, le joueur Platini enchantait la planète football en inscrivant 9 buts, record toujours inégalé pour un championnat d'Europe, remportant le titre avec la France. Aujourd'hui, le meneur devenu président peut être satisfait. Sur les pelouses, l'Euro-2008 a tourné la page des défenses reines, celles qui avaient permis à la Grèce de remporter l'Euro-2004 au Portugal, où encore à Fabio Cannavaro d'être sacré Ballon d'Or après avoir verrouillé l'équipe d'Italie championne du monde en 2006. Les quatre équipes arrivées en demi-finales, Turquie, Russie, Espagne et Allemagne n'ont jamais refusé le jeu. Et la finale a convié les deux meilleures attaques du tournoi. Si Franck Ribéry et Cristiano Ronaldo ont quitté l'Euro prématurément, le Russe Andrei Arshavin a fait rêver les foules avant de passer à côté de sa demi-finale. Et si tout n'a pas été parfait en matière d'arbitrage, on était loin de la cacophonie du Mondial-2006 qui fut un cauchemar en la matière. Le public n'a pas boudé son plaisir. Selon les premières estimations, quelque 2,7 millions de personnes se sont rendues dans les quatre villes hôtes suisses à l'occasion des 15 matchs disputés dans ce pays. A Vienne, ville de la finale, l'effet Euro a joué. «Les 47.000 lits de Vienne sont pratiquement tous réservés depuis le début de la compétition», s'est félicité Norbert Kettner, directeur du tourisme de la capitale autrichienne. Ces affluences ont été bien gérées. Les hooligans anglais qui avaient fait parler d'eux au Portugal, il y a quatre ans, n'étaient pas là, leur pays n'étant pas qualifié. Et aucun incident n'a été déploré. Les matchs à risques, Suisse-Turquie au premier tour et Allemagne-Turquie en demi-finale, n'ont pas tourné à la catastrophe. Les Croates, pointés comme supporters à surveiller, se sont toutefois signalés en faisant rentrer des fumigènes dans les stades. Certains d'entre-eux ont arboré des signes pro-Oustachis et lancé des saluts nazi, qui ont valu une amende à la Fédération croate. Le seul couac véritable fut un violent orage sur Vienne, où se trouve le centre opérationnel de diffusion télévisée (IBC), à l'origine des perturbations qui ont affecté la retransmission dans le monde entier de la demi-finale Allemagne-Turquie. Sur le plan des finances, l'UEFA va enregistrer des profits records, de près de 700 millions d'euros, en hausse de 25 à 30% par rapport à 2004, grâce à l'organisation de l'Euro. Le secrétaire général de l'UEFA, David Taylor, a, cependant, émis un petit bémol: «Les revenus sur ce tournoi sont 56% supérieurs à ceux de 2004, mais nos coûts ont augmenté aussi». En 2004, au Portugal, l'Euro avait généré 852 M/EUR de recettes, pour 539 M/EUR de profits, soit 63,2% de rentabilité. Pour 2008, ce ratio tombe aux alentours de 52 à 53%. Cette baisse est due à l'explosion des coûts du tournoi par rapport à 2004 (de 313 M/EUR à 618 M/EUR). Après ce tournoi à domicile, puisque le siège de l'UEFA est à Nyon en Suisse, Michel Platini doit se retrousser les manches. Pour l'Euro-2012 attribué à l'Ukraine et à la Pologne, l'horizon n'est toujours pas dégagé. Le président de l'UEFA a entamé hier une visite décisive à Varsovie et Kiev.