Les produits essentiels pour le traitement des cancers et des maladies cardio-vasculaires se sont faits rares dans les officines et les hôpitaux. Un nouveau programme d'importation de médicaments a été libéré hier par le ministre de la Santé et concerne une quarantaine d'opérateurs. «Cette décision, même tardive, est cependant salutaire», estiment les opérateurs de la pharmacie. Ce texte intervient après l'installation du nouveau ministre de la Santé, Saïd Barkat, a été bien accueilli par tous les professionnels de la santé et permettra de débloquer la situation de rupture de médicaments que connaît le pays depuis de longs mois. Néanmoins, il faudra attendre le mois d'octobre prochain pour que la situation se normalise et que les malades puissent bénéficier de leur traitement. Les programmes d'importation de médicaments libérés les 24 juin et 7 juillet, devaient être signés au mois de décembre 2007. Ce retard a eu pour conséquence des ruptures de stock de produits essentiels pour le traitement des cancers et des maladies cardio-vasculaires dans les officines et les hôpitaux. Amar Ziad, président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), se déclare satisfait des dernières décisions du nouveau ministre de la Santé. Il appelle à l'instauration d'un dialogue et à une concertation entre les opérateurs et les pouvoirs publics pour dépasser cette situation de crise. Amar Ziad signale que «les mesures de blocage étaient motivées par le souci de réduire la facture d'importation jugée trop lourde par les autorités du pays». Or, selon le docteur Aït Saïd Malik, directeur général de Propharmal: «La facture du médicament s'élève à un milliard d'euros ce qui représente 33 euros par habitant et par an, soit 10 DA par jour, ce qui est dérisoire.» Donc, pourquoi diaboliser la facture d'importation du médicament? Devant le nombre sans cesse croissant de malades chroniques et l'espérance de vie des Algériens, qui s'allonge, l'accent doit être mis sur l'actuelle dépendance de l'importation et encourager la production nationale des produits pharmaceutiques. A ce sujet, Amar Ziad, président de l'Unop, estime que «l'adoption des mesures incitatives permettra aux opérateurs algériens de couvrir 65% des besoins du marché national à l'horizon 2012». Actuellement, il y a une cinquantaine d'usines de fabrication installées en Algérie qui sont capables de produire 800 produits pharmaceutiques. Evoquant le volet du médicament générique, le président de l'Unop indique que «90% des produits pharmaceutiques fabriqués localement, sont des génériques mais, sur le terrain, aucune mesure n'existe en faveur de leur promotion». Pourquoi le ministère de la Santé n'a-t-il pas obligé les opérateurs à fabriquer 45% du générique au lieu de les importer ou bien, pourquoi n'a-t-il pas décrété l'arrêt de l'importation des génériques qui sont déjà fabriqués localement? Amar Ziad ajoute: «L'encouragement du générique doit passer par la mise en place des marges bénéficiaires par valeur absolue, favoriser la fabrication du générique au lieu de son importation.» Cela, ajoute-t-il, «va avec l'exonération des taxes sur la promotion du générique et le lancement des campagnes de promotion du générique ainsi que l'implication du prescripteur». Actuellement, l'Algérie importe plus de 1,8 milliard de dollars de médicaments dont 1,4 milliard de dollars de médicaments génériques. Face à cette situation, le ministère de la Santé garde le silence.