Plusieurs services des structures hospitalo-universitaires (CHU) font de plus en plus état d'un manque inquiétant de médicaments indispensables à la prise en charge de leurs patients. Les services de pédiatrie figurent parmi les plus touchés. Les responsables de ces structures font part déjà d'une pénurie de certains produits « vitaux » dans leurs pharmacies. Le Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) enregistre également d'importantes ruptures de stocks. Les traitements par chimiothérapie des cas de cancers du sein, des lymphomes et de l'hépatite C sont actuellement interrompus. Les praticiens craignent une complication de la situation d'autant que la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), principal fournisseur des hôpitaux (CHU), risque de ne pas pouvoir alimenter leurs services. La raison serait liée au fait que cette structure ne peut s'acquitter des frais de dédouanement exigés par les Douanes. Des sources proches des milieux hospitaliers indiquent que la PCH est contrainte de payer une TVA de 17% pour tout produit importé. Et d'ajouter que les médicaments resteront à l'aéroport ou au port d'Alger tant que la procédure de dédouanement n'est pas respectée. La pénurie de médicaments constatée dans les hôpitaux résulte du fait que cette situation perdure depuis un certain temps. A signaler que les responsables de la PCH ont refusé de s'exprimer sur la question. « Nous n'avons rien à vous dire. Adressez-vous au ministère de la Santé », a rétorqué une assistante du directeur par intérim de la structure en réponse à nos sollicitations. En revanche, le professeur Bouzid, chef de service d'oncologie au CPMC, a confirmé, hier, cet état de fait. « Nombreux sont nos patients qui sont en attente de leur traitement pour la chimiothérapie. Les malades ne peuvent plus s'approvisionner auprès de la cellule d'urgence mise en place au niveau de la PCH. » Et d'enchaîner : « Pourtant, ces produits sont disponibles au niveau de cette structure. Cette opération est actuellement bloquée. Ces produits risquent même d'être périmés. » Il précisera que ces médicaments exclusivement hospitaliers coûtent entre 70 000 DA et 150 000 DA. A noter aussi que ces produits pharmaceutiques ne sont pas enregistrés dans la nomenclature des médicaments. Ils restent à la charge exclusive du malade. Celui-ci peut théoriquement se les procurer auprès des structures hospitalières prenant en charge les pathologies lourdes. Les médecins spécialistes déplorent, par ailleurs, le « blocage » instauré par le ministère de la Santé depuis cinq années du processus d'enregistrement des produits essentiels et de certains médicaments innovants destinés au traitement de ce type de maladies. Outre les produits destinés aux soins des maladies cardio-vasculaires, certains psychotropes font également défaut dans quelques services depuis janvier dernier. Les structures qui souffrent le plus de cette pénurie sont les services de pédiatrie qui utilisent ces produits pour faire face aux enfants qui convulsent. Ces médicaments sont, mentionne-t-on, inexistants dans les officines. Cette situation résulte aussi, ajoute-t-on, des conditions posées par la direction de la pharmacie au ministère de la Santé concernant l'obtention des médicaments faisant actuellement l'objet de pénurie. Des conditions jugées trop contraignantes par les importateurs. Ces derniers avouent leur décision de ne plus importer certains médicaments en raison des « difficultés bureaucratiques » qu'ils rencontrent sur le terrain. Une situation contre laquelle ils ont affirmé se débattre depuis des mois.