Les mis en cause ont été inculpés pour homicide et blessures involontaires alors même qu'il n'y avait ni morts ni blessés. Au deuxième jour du procès en appel, dit du séisme de Boumerdès, l'audience a été consacrée au site de 80 logements Opgi de Zemmouri, un bâtiment construit entre juillet 1999 et février 2001. Son effondrement, lors du séisme du 21 mai 2003, n'avait occasionné ni victimes, ni blessés. La contradiction relevée pour ce qui est de ce site est que les mis en cause dans la réalisation dudit bâtiment -les deux entrepreneurs, l'architecte, responsable du BET et l'ingénieur du CTC, condamnés à 2 ans de prison ferme assortie d'une amende de 50.000DA- ont été inculpés pour homicide et blessures involontaires alors même qu'il n'y avait ni morts ni blessés lors de l'éffondrement du bâtiment susmentionné. Le site en question comporte un programme réparti en deux tranches de 20 logements pour l'un et 40 logements pour l'autre. L'audience d'hier a été réservée aux traditionnelles questions-réponses. Interrogé par le représentant du ministère public sur la proportion statistique de l'erreur humaine dans l'effondrement du bâtiment de 40 logements de Zemmouri, l'architecte du BET, Ouled Ibrahim Akli, ayant 30 ans d'expérience et lauréat de concours d'architecture internationaux, a déclaré que dans cette affaire il y a l'essentiel qui est le séisme de magnitude de 6,8 sur l'échelle ouverte de Richter, doté d'une force extraordinaire, et il y a le reste qui est accessoire et insignifiant, selon le mis en cause. Ce dernier, qui s'est présenté en prévenu libre devant le prétoire, estime qu'il n'y a rien que l'on puisse imputer à l'homme d'une manière volontaire dans l'effondrement des 40 logements de Zemmouri, et par-dessus tout, il n'y a aucune expertise qui peut définir le pourcentage de l'erreur humaine. Dans sa réponse au juge du siège quant aux conclusions des deux expertises, le prévenu expliqua que rien n'a été laissé au hasard, depuis le coulage du béton...à travers les essais de pas moins de 9 éprouvettes, que par l'écrasement au 7e jour jusqu'aux observations sur l'évolution positive du béton, tout a été consigné selon lui, sur les PV de chantier avec les remarques sur le ferraillage. La preuve, selon lui, consiste dans l'expertise des deux commissions ministérielles lesquelles, indique-t-il, se sont basées sur des PV dressés «par nous-mêmes» «On tue l'architecte, chez nous» conclut-il. Le sol sur lequel ont été construits les 80 logements de Zemmouri est qualifié d'homogène par le Laboratoire national de construction. Le responsable du BET ne comprend pas ce qu'on lui reprochait du moment que l'expertise du ministère de l'Habitat conclut à une régularité dans le suivi du chantier (avec 75 PV) Selon le prévenu, le CTC, l'organe de contrôle, n'était pas présent à la réception du dit bâtiment. Appelé à la barre, M.Serkisti, ingénieur promu à cette époque à la direction du CTC, par l'actuel ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, a tenté de répondre aux questions du juge relatives aux causes de l'effondrement. Il relata ainsi, que le CTC reçoit en réalité un dossier fictif comprenant les notes d'architecture, rapport du sol, et les plans d'architecture et génie civil, lesquels sont remis par le maître de l'ouvrage, dont le but est d'être visé pour ouvrir la procédure au choix de l'entreprise réalisatrice. Concernant le projet cité, il est relevé que toutes les réserves du CTC ont été levées de fait, lors de la réception. Toutefois, M.Ghechou, l'expert désigné par le juge d'instruction, a été malmené par la défense. Selon cette dernière, la qualification de ce dernier ne l'habilite pas à produire une expertise. Cela d'une part. Par ailleurs, selon toujours la défense, l'expert en question se serait contenté de recopier à partir des conclusions ministérielles, sans apporter plus d'éclaircissements à l'affaire en cause. La défense estime que les PV d'écrasement du béton pris en compte par l'entrepreneur, ne concernent pas le même béton utilisé dans la construction. Il semblerait donc qu'il y eut confusion entre les 80 et 120 logements.