C'est vraisemblablement le groupe de Saouane qui active dans cette région. Avec 54 assassinats en dix jours entre le 22 avril et le 2 mai, Ksar Chellala, Zmalat El-Emir Abdelkader redécouvre un terrorisme qu'elles croyaient avoir oublié depuis 1997. Cette brusque concentration de la violence dans cette région appelle réellement à une pleine mesure dans l'appréciation, la répartition des rôles et la nouvelle reconfiguration des groupes terroristes. Il y a aussi Ténès, la quiète région côtière qui renoue avec le terrorisme. Au début du mois, trois citoyens, deux hommes et une femme, qui revenaient de leur champ à Sidi Abderrahmane, une petite ville côtière et tranquille, ont été surpris par un groupe terroriste. Les trois agriculteurs ont été tués. Une jeune fille, qui entrait, elle aussi, des champs, a été enlevée puis rapidement délivrée, deux jours plus tard, dans les environs des maquis de Oued Romane, par les forces de sécurité, des GLD plus précisément. Selon le recoupement des informations, c'est vraisemblablement le groupe de Saouane qui active dans les contrebas des monts de Ténès. Partant à partir de la périphérie de Derrag, d'où il est originaire, Abdelkader Saouane à la tête d'une trentaine d'hommes armés, investit nuitamment le sud de Khemis Miliana et Aïn Defla, dépasse les maquis de Oued Djer, Boumedfaâ et Hammam Righa et se retrouve dans la longue chaîne montagneuse de plus de 150 km, et allant pratiquement de Chenoua à Ténès, en passant par Menaceur, Gouraya, Sidi Ghilès, Damous et Beni Haoua. Cette vaste et longue chaîne de montagnes, luxuriante à souhait, est une zone de repli que le groupe utilise, pour le moment, comme zone de transhumance. Peu d'actes terroristes ont été commis sur l'axe routier reliant Sidi Ghilès à Beni Haoua depuis le faux barrage, suivi de l'assassinat de quatre citoyens à Messelmoun, où tous les gens savent à quoi s'en tenir en matière d'activité terroriste dans le coin, et à maintes reprises, des déplacements ont été signalés par les bergers et les agriculteurs de la région. Même l'assassinat de Sidi Abderrahmane a dû se produire «par accident», les terroristes trouvant les agriculteurs sur leur passage. Car, avant tout, et depuis 1999, les groupes armés de la région ont tenu à «laisser leur fief propre». Abdelkader Saouane, émir du groupe séparatiste d'avec le GIA, qu'il nomme le Gspd (El Djamaâ Esalafia li daâwa oua El-qital), est depuis plusieurs années à la tête d'une katiba armée, qu'il a mue en groupe autonome. A la tête d'une centaine d'hommes armés, il ne lui reste plus désormais qu'une quarantaine d'hommes, dont le fief se situe dans les alentours de Serrag, mais qui font des incursions épisodiques dans le Nord. Le Gspd privilégie, toutefois, le «mouvement perpétuel» et situe son idéologie entre celle du GIA (ni trêve, ni réconciliation, ni dialogue, stratégie de la terreur ; excommunication du peuple, etc.) et celle du Gspc (assassinats ciblés contre les forces de l'ordre, notamment les militaires). Comme les houmat ed-Daâwa es-Salafiya, les djamaât islamiya mouqatila, et les petits groupes autonomes issus du GIA, et disséminés un peu partout dans les maquis de l'Ouest (Relizane, Sidi Bel Abbes, Saïda, etc), le Gspc reste un groupe «flottant», aux contours encore mystérieux. A découvrir.