Depuis le mois de juin dernier, le recrutement de nouveaux terroristes a brusquement ressurgi. Il y a aussi une reconquête des zones abandonnées et la logistique. La région de Médéa, à Ksar El-Boukhari, reste marquée par les incursions des groupes divers, affiliés aussi bien aux GIA qu'au Gspc local. Les cinq terroristes abattus à Ksar El-Boukhari, en fin de week-end, est un point qui marque le désarroi et la lente déconfiture des groupes armés de la région. Comme nous l'avions rapporté dans une précédente édition, «l'hibernation» observée durant ces deux derniers mois par les groupes terroristes, s'explique par une réorganisation visant d'abord la réoccupation de terrains abandonnés, ensuite la mise sur pied d'une logistique, s'appuyant sur des gens insoupçonnables pour assurer des missions telles que la collecte d'argent et l'information, et enfin procéder au recrutement de nouveaux éléments pour l'action armée. Et c'est, justement, ce dernier point qui semble revenir comme un cheveu sur la soupe au moment où l'on parle «d'accords secrets» dans un camp, et du rétrécissement d'effectifs dans l'autre. Ainsi, trois mois après que dix personnes des environs de Ksar El-Boukhari auraient rejoint le Gspc de Saouane à Derrag, des sources informées signalent que quinze autres cas sont recensés dans la commune de Ouled Maâref (daïra de Aïn Boucif). Certains parlent de la piste de Kef Lakhdar, d'autres, au contraire, évoquent les massifs de Djelfa. Mais de l'avis des connaisseurs, la chaîne de montagnes de Aïn Boucif présente l'avantage de communiquer avec M'fateha et Moudjbeur pour atterrir à Ksar El-Boukhari avant de remonter vers Derrag; bastion régional du Gspc. Ce qui explique un peu le récent déplacement d'une katiba menée par l'émir Saouane à Kef Lakhdar pour, d'une part, «accueillir» les nouvelles recrues, et, d'autre part, faucher l'herbe sous les pieds d'un groupe GIA de Moudjbeur dirigé par Roukia en errance dans cette partie de la région sud-est de Médéa. Il faut revenir en arrière, tout au long de cette décennie, pour voir que le chômage et le désarroi mortels furent et demeurent les «acquis» d'une jeunesse qui ne croit ni en Marx ni en Jésus. De la «mort» sociale au terrorisme, on le devine un peu, il n'existe qu'un tout petit pas qui a été déjà franchi en 1991. Les informations qui nous parviennent sont préoccupantes dès le moment où la violence trouve en la vulnérabilité des personnes une «plus-value» pour les maquis et les sentiers de la délinquance. Pourtant, un programme de relance économique vient d'atterrir pour conjurer ce fléau...