L'opération nous a permis de vivre en direct, l'efficacité et la volonté des éléments de la police chargés de veiller sur la sécurité du citoyen. Le temps d'une nuit, après avoir parcouru la ville, nous a permis de découvrir un autre visage de la ville de Bouira, une autre vie très particulière, loin du vacarme diurne. Rues et boulevards sont désertés. Un autre monde citadin qui se dessine sous la lumière, tantôt forte, tantôt tamisée des lampadaires. Comment pouvait-on passer d'une situation à une autre? Du bruit assourdissant à un calme qui parfois, suscite une grande peur. Jeudi 17 juillet, un rendez-vous a été fixé à 21 h au niveau du commissariat central pour une virée nocturne en compagnie des éléments de la Bmpj. L'opération nous a permis de vivre en direct, le temps d'une nuit, les différentes tâches qu'effectuent ces hommes aux sens en éveil, chargés de la plus noble et la plus délicate mission. En dépit de tous les risques, ces policiers ne cessent de sillonner la ville, pour assurer la quiétude et la sécurité du citoyen qui est, à ce moment-là, plongé dans un profond sommeil. Un métier choisi de plein gré pour servir le pays et le citoyen, avec un courage et un dévouement exemplaires. Après quelques minutes d'attente, un officier de la Bmpj fait son apparition, vif et alerte, Le moment attendu arrive. Dehors, les véhicules de type 4x4 attendent. «Allons-y, c'est le moment de commencer», dit-il. L'aventure commence. Nous avons pris place et maintenant en route vers la ville. Un voyage qui nous emmènera au cours de la nuit à travers la ville de Bouira. Impressionnant! Nous quittons la centrale, chacune des trois brigades mobiles prend une direction. A la tête de chaque groupe, un officier. Un autre officier est chargé de la salle de trafic. Sa voix nous parvient à travers le poste radio chaque quinzaine de minutes, soit pour s'enquérir de la situation, soit pour donner instruction afin de se déplacer vers un endroit où on signale un mouvement suspect. Ce dernier est aussi chargé de recevoir toutes les communications venues de l'extérieur, ainsi que du travail de coordination entre les équipes mobiles. On venait à peine de commencer notre virée, et la voix de l'autre côté du poste radio signale une infraction commise quelque part. «On vient de signaler qu'au niveau de la Maison de la culture, quelqu'un a brisé les vitres», entend-on à partir du poste radio. C'est la première affaire à traiter pour cette nuit. L'autre groupe qui est à proximité des lieux a pu se rendre sur le lieudit. Il s'agissait finalement, d'une personne en état d'ivresse, embarquée et emmenée au commissariat. Peu de temps après, un différend familial a été signalé à l'autre bout de la ville, tout près du stade communal. Les deux véhicules prennent de la vitesse. Arrivés au lieu indiqué, les autres éléments du groupe sécurisent l'endroit. Au moment où nous approchons, une personne vient à notre rencontre, c'est l'auteur de l'appel signalant le différend. «C'est la vieille femme qui est venue chez moi, son fils qui est un peu ivre s'est mis à crier, elle avait peur et ce n'est pas la première fois que cela arrive», confie le voisin. L'officier s'approche du jeune, après une brève conversation, ce dernier a fini par rentrer chez lui. La nuit ne fait que commencer. Encore des rondes à faire. Dans le système de patrouille, aucune méthode, aucun plan n'est fixé préalablement. Il y a mille et une stratégies pour prendre quelqu'un en flagrant délit. Chaque situation a son mode de traitement. Cette manière d'agir semble la plus efficace et le chef du groupe est appelé à être toujours en éveil. «En été, on enregistre moins d'infractions», nous apprend l'officier qui nous accompagne. Et d'ajouter: «Généralement, à l'arrivée de la saison estivale, les voleurs et autres petits malfaiteurs préfèrent aller dans d'autres villes, surtout les villes côtières». «On ne trouve que des ivrognes», a-t-il enchaîné. Cela peut s'expliquer à travers ce que nous avons remarqué durant nos tournées. Plus le temps avance, plus la place publique se vide. Il est préférable d'aller aux extrémités de la ville. Les deux véhicules qui patrouillent au niveau du premier secteur, l'ancienne ville, se dirigent vers le côté Est de la ville. En empruntant la RN 05, le chauffeur a réussi à intercepter, malgré l'obscurité, à une dizaine de mètres, des silhouettes de personnes sur la terrasse d'une vieille bâtisse abandonnée à la cité 250 Logements. Les policiers se dépêchent et nous avec, en direction des trois jeunes qui ont pris place sur cette terrasse. Les policiers se sont mis à fouiller et à chercher de la drogue, semble-t-il, ou toute chose prohibée. Rien à signaler, et nous continuons notre chemin. Cette fois-ci, nous avons décidé de pénétrer au centre-ville, mais avant tout, il faut passer par une ruelle qui débouche sur le quartier «Château d'eau». Au bout de la rue un groupe se tenait debout, et furtivement une personne prend la fuite dès qu'elle a aperçu les véhicules de la Bmpj. Un véhicule s'est lancé à sa poursuite, en vain, la personne en question s'est vite évanouie dans la nature en traversant une clôture. Il est minuit, les brigades continuent toujours leur patrouille. Désormais, il faut être vigilant. Le chauffeur de notre véhicule, un policier qui travaille depuis 15 ans à Bouira, connaît pratiquement tous les raccourcis, et presque toutes les personnes impliquées dans des cas de vol ou autres infractions. Il n'a pas besoin de consulter le fichier central. Sa bonne mémoire lui permet de reconnaître toute personne et de déjouer tout mouvement suspect. Le véhicule roule au ralenti, faut surtout pas céder à la fatigue. Nul n'a le droit à l'erreur, les erreurs dans ce cas, pourraient être fatales Après une brève pause à la centrale, qui ne dure que quelques minutes, histoire de faire le point, nous reprenons notre chemin, et cette fois, vers la partie ouest de la ville, alors que les autres brigades patrouillent à l'opposé. Lotissement 56 logts, Hai El Thaoura, la cité 1100 Logts, Draâ El Bordj, des quartiers plongés dans le calme. A ces heures indues, aucun mouvement n'est à signaler. Il n'y a que les véhicules de la Bmpj qui vont et viennent dans les ruelles. En direction vers le quartier 140 Logements, situé dans la partie nord-ouest de la ville, le chemin est peu long, faut-il passer du côté de stade olympique, et là au bord de la route est garé un véhicule de type Mazda, deux individus consomment de la bière. Vérification des papiers du véhicule et l'identité des deux personnes. Puis, on reprend le chemin vers les 140 Logements. La voix à travers le poste radio donne instruction de se déplacer jusqu'au carrefour de Tikjda. Là, l'autre brigade a intercepté trois personnes, sans aucune pièce d'identité. Ils sont au commissariat pour l'examen de leur situation. Après quelques minutes, ils sont relâchés. C'est ainsi que s'effectue le travail de la Bmpj, une vigilance de tous les instants.