Son duel avec le Chinois Liu-Xiang sera l'une des grandes attractions des JO de Pékin. A un mois des séries du 110 m haies aux Jeux olympiques de Pékin, la constance du Cubain Dayron Robles, qui s'est approché à un centième de son récent record du monde, vendredi, au Stade de France, tranche avec les incertitudes concernant ses concurrents. A commencer par le premier d'entre eux, le champion olympique et champion du monde en titre, Liu Xiang, qui se prépare dans le plus grand secret chez lui en Chine. Privé de repères par une tournée américaine sans course fin mai-début juin (un forfait, une disqualification pour faux départ), il a, en outre, fait l'impasse sur les meetings européens, contrairement aux années précédentes. «Bien sûr, personne n'a vu Liu Xiang et ne sait dans quelle forme il est, mais je pense qu'il va courir vite, tempère l'entraîneur de Robles, Ricardo Antunez. Chaque entraîneur a son programme et on verra bien qui sera le meilleur quand ils s'affronteront.» Côté Robles, qui est devenu le premier à courir deux fois sous les 12 sec 90 vendredi (12.88), un mois après son record du monde à Ostrava (12.87), «tout le travail pour les Jeux a été fait et il n'y a rien à changer», estime Antunez. «Techniquement, il n'y a plus grand-chose à améliorer», ajoute-t-il. Ni maintenant, ni «probablement dans les quatre années à venir.» Reste à travailler l'enchaînement des tours en vue des Jeux, en recourant à Stockholm mardi, puis Monaco, une semaine plus tard, voire à Londres entre les deux s'il obtient un visa dans les temps. «Avec ces meetings, il se prépare pour les Jeux, où il y aura quatre tours», justifie Antunez, qui a déjà conduit un autre Cubain, Anier Garcia, à l'or olympique en 2000 à Sydney. «A la base, le programme est le même, mais il est appliqué très différemment car ils n'ont pas le même caractère, explique l'entraîneur. Anier était plus extraverti. Daryon est plus calme et plus discipliné.» Et à seulement 21 ans, «il grandit, il gagne en maturité», ajoute-t-il. Il a notamment beaucoup travaillé avec le psychologue qui suit tous les athlètes cubains après son élimination rocambolesque en série des Mondiaux en salle à Valence, qui faisait suite à une 4e place décevante aux Mondiaux-2007. «Ce qui m'est arrivé dans le passé m'a servi de leçon, m'a aidé à devenir plus fort et mieux préparé, assure Robles. Maintenant, je suis très fort dans ma tête.» Son entraîneur refuse cependant de faire des pronostics pour les Jeux. «On ne peut jamais prédire, car il y a dix haies», dit-il. «Souvenez-vous d'Allen Johnson ou de Ladji Doucouré à Athènes.» Les deux avaient chuté aux JO-2004: le premier dès les 2e tour, alors qu'il était le grand favori, et le second en finale, où le podium lui tendait les bras. Antunez se méfie aussi de Liu, des Américains, pour l'instant en retrait ou en train de se préparer comme David Oliver (12.95 cette année), et... de Doucouré. Depuis son titre mondial en 2005, le Français n'a pourtant plus couru sous les 13 sec 20 et son meilleur chrono n'est que de 13 sec 37 cette année. «C'est un très bon athlète très rapide, explique Antunez. A Sotteville (FRA, rentrée en 13.64 le 15 juin), j'avais parlé avec son entraîneur et il m'avait dit qu'il avait beaucoup de boulot, mais il a énormément progressé depuis et il lui reste un mois. Il pourra jouer un rôle aux Jeux.»