Dans la conjoncture actuelle, l'économie nationale ne pourra compter que sur ses exportations en hydrocarbures. Les 126 milliards de dollars de réserves de change permettront-ils à l'économie algérienne d'envisager un réel décollage? Et pour le commun des mortels, lui permettront-ils légitimement d'envisager la vie en rose? Deux questions naturellement liées, l'une ne va pas sans l'autre tant le confort des citoyens demeure, lui aussi, intimement lié aux performances de l'économie de leur pays ainsi qu'à sa bonne gouvernance. Aussi, paradoxalement que cela puisse paraître et à défaut de le répéter encore une fois, l'Algérie qui bénéficie d'une aisance financière quasi historique, n'offre pas le visage d'un pays riche. Un constat qui, schématiquement, peut s'expliquer par une réponse: l'économie nationale est minée par ses importations. Elles sont en constante augmentation. Elles devraient passer de quelque 30 milliards de dollars en 2008 à près de 50 milliards de dollars en 2012, ce qui n'est guère rassurant si l'on considère que nos recettes en devises reposent essentiellement sur les hydrocarbures qui représentent 98% des exportations. L'économie hors hydrocarbures permet d'engranger, bon an, mal an, 1 milliard de dollars. La confortable aisance financière de l'Algérie est due uniquement à l'envolée vertigineuse du prix du baril de pétrole. Ce dernier, qui flirtait avec la barre des 150 dollars, vient de connaître une chute spectaculaire. En quelques jours, il a perdu pas moins de 20 dollars passant d'un peu plus de 147 à 127 dollars. Une baisse qui est due à une baisse de la demande aux Etats-Unis et en Europe. De quoi sera fait demain si cette chute brutale continue à persister? Doit-on compter sur cette fabuleuse manne de près de 130 milliards de dollars? D'un autre côté, l'on nous «promet» un baril à 200 dollars pour les prochaines années. C'est ce qu'a pronostiqué le directeur de l'Agence internationale à l'énergie, M.Nobuo Tawaka, lors de la conférence qu'il a tenue à Alger le 15 juillet 2008. Tout cela est conjoncturel. Pour l'Algérie, il s'agit de faire face aux flambées des prix des matières premières, mais aussi des produits de consommation qui se répercutent négativement et en priorité sur le pouvoir d'achat des Algériens. Même si on est loin des PAP, les programmes antipénurie des années 80, leur spectre n'est pas loin. En l'espace de quelques mois, l'Algérie a dû faire face à la pénurie de la pomme de terre, au problème du renouvellement de ses stocks de blé, à la crise de la filière du lait et de l'importation des viandes ovines et bovines. Le bidon d'huile de 5 litres a, lui aussi, flambé, il y a à peine quelques mois pour atteindre 950 DA. Celà était dû à la hausse des prix de la matière première, les oléagineux, sur le marché mondial. A peine la tension retombée, voilà qu'on nous annonce une nouvelle hausse: celle du sucre. Pour les mêmes raisons. Force est de constater que l'Algérie est en train d'assurer en priorité sa sécurité alimentaire. Des promesses sont faites à sa jeunesse qui n'y croit plus. 400.000 postes d'emplois par an seront créés, annonce Tayeb Louh, le ministre du Travail. Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale prévoit un taux de chômage à près de 10%. Une équation qui, somme toute, serait logique si toutes ces prévisions venaient à se réaliser. Les jeunes Algériens sont plutôt en proie au désespoir. Et cela est prouvé par ces dizaines d'entre eux qui ne pensent qu'à fuir leur pays. Le suicide a pris de l'ampleur au même titre que la criminalité ou certains fléaux tels que la drogue. Signes d'un malaise évident. Une situation qui peut être résumée par une phrase d'Ahmed Ouyahia. Le nouveau chef du gouvernement avait déclaré, lors de l'ouverture du troisième congrès du RND, que «nos compatriotes ne sont pas heureux dans leur quotidien et ne sont pas rassurés sur leur avenir». Cela se passe de commentaires.