"Le secteur financier algérien ne devrait pas subir d'effets de contagion directe. Cependant, une diminution importante des recettes pétrolières pourrait affecter à terme la croissance par le biais d'un ralentissement des programmes d'investissements publics", tel est le constat de la mission du Fonds monétaire international en Algérie. Lors d'une conférence de presse tenue, hier, à Alger Joel Toujas-Bernaté, chef de la mission, a estimé que, pour limiter l'impact de la baisse des cours pétroliers sur l'économie algérienne, il faut préserver, entre autres, la stabilité macroéconomique et soutenir la croissance. A cet effet, le FMI recommande au gouvernement algérien de se préparer à prendre certaines mesures conservatoires dans la mesure où la crise financière persiste. Parmi ces mesures, la rationalisation des dépenses publiques, y compris une meilleure maîtrise des dépenses courantes, ainsi que la mobilisation plus efficace des recettes fiscales hors hydrocarbures. Outre cela, et dans le même sillage, le problème de la diversification de l'économie nationale reste de l'encre sur le papier d'autant plus que les hydrocarbures représentent 98 % des exportations. Il faut dire que la crise financière a dévoilé la réalité et la fragilité de l'économie algérienne qui reste tributaire des marchés pétroliers. Pour Toujas-Bernaté, la crise actuelle a mis en exergue l'impératif de diversification du tissu économique. Cela sans oublier que la productivité reste relativement faible, et que le chômage demeure très élevé chez les jeunes. Pour remédier à la situation, le FMI préconise à l'Algérie d'assurer une croissance hors hydrocarbures forte et soutenue. Ceci présuppose la stabilité macroéconomique, et l'approfondissement des réformes structurelles, qui sont timides, selon la mission du FMI, qui demande le désengagement de l'Etat des secteurs industriel et financier, et d'améliorer le climat des affaires. En revanche, la baisse des cours du pétrole, ajustée à des dépenses budgétaires et des importations élevées, entraînerait une dégradation significative du solde extérieur et du déficit budgétaire global. Par ailleurs, et selon la mission du FMI, l'Algérie a enregistré de bonnes performances économiques pour l'année 2008 caractérisées par l'accélération de la croissance hors hydrocarbures et la quasi-élimination de l'endettement extérieur, et d'importants surplus extérieurs et budgétaires. Pour la croissance hors hydrocarbures il devrait atteindre près de 6% tirés par l'important programme d'investissements publics, quant à la croissance globale, celle-ci s'établira autour de 3 % du fait de la baisse des exportations hydrocarbures.'inflation reste maîtrisée à 4 %, reflétant, selon Toujas-Bernaté, la politique monétaire prudente et un soutien aux prix des produits alimentaires de base, ainsi que les taux de change du dinar effectifs nominal et réel qui sont restés stables. La position extérieure reste aussi forte avec des réserves de changes évaluées à 135 milliards de dollars en octobre 2008. En outre, la position budgétaire est jugée solide, et ceci malgré le forte expansion des dépenses de fonctionnement et d'équipements, due à des recettes hydrocarbures élevées. La mission du FMI constate que le surplus budgétaire global atteindra près de 9 % du PIB, ce qui a permis une accumulation supplémentaire de ressources dans le fonds de régulation des recettes (FRR). S'agissant des prévision du FMI pour 2009, Toujas-Bernaté a affirmé que la croissance globale pour l'année 2009 va baisser à 2.5%. Cependant, la politique budgétaire en 2009 devra protéger la demande intérieure contre la baisse des cours mondiaux des hydrocarbures. Les ressources accumulées dans le fonds de régulation permettront de continuer à financer, au moins dans l'immédiat, les programmes d'investissements publics ainsi que le déficit budgétaire. Par ailleurs, le FMI recommande à la Banque d'Algérie de poursuivre la politique actuelle de stabilité du taux de change effectif réel.