16 attentats à la bombe qui ont fait samedi 45 morts et plus de 160 blessés à Ahmedabad Les dirigeants indiens ont appelé au calme, hier, après une série de 16 attentats à la bombe qui ont fait samedi 45 morts et plus de 160 blessés à Ahmedabad, une ville de l'ouest du pays, en proie à des tensions religieuses. Les explosions se sont produites dans des lieux très fréquentés d'Ahmedabad, principale ville de l'Etat du Gujarat, où des affrontements entre hindous et musulmans avaient fait quelque 2000 morts en 2002. Elles ont visé des marchés, des bus ou des hôpitaux, accueillant les victimes des premiers attentats. Selon des chaînes de télévision indiennes, un groupe d'islamistes s'appelant Moudjahidine indiens, a revendiqué les attaques, survenues le lendemain d'une série d'explosions similaires à Bangalore, dans le sud du pays, qui avait fait un mort et sept blessés. La présidente Pratibha Patil a fait part de sa «douleur et sa tristesse» et a «appelé la population d'Ahmedabad à maintenir la paix et l'harmonie». Samedi, le Premier ministre Manmohan Singh avait déjà condamné les attentats et demandé aux habitants de rester calmes. Toutes les bombes étaient munies de minuteurs et ont explosé en l'espace de 36 minutes, ont indiqué les autorités. Nombre de victimes ont été atteintes par des éclats de bombes. Celles-ci étaient remplies de boulons et d'écrous dans le but de provoquer un maximum de dégâts, selon les médecins. A l'hôpital public de la ville, une des deux infrastructures médicales visées par un attentat, des blessés grièvement atteints gisaient sur le sol, le corps criblé de plomb, réclamant l'aide de soignants paniqués et débordés. «J'étais venu ici pour aider les autres après avoir vu les explosions à la télévision», a raconté un conducteur de rickshaw, Bachubhai Bhagaji, mains et pieds enveloppés dans des bandages imprégnés de sang. «J'étais en train de faire entrer une civière où étaient allongées trois personnes quand l'explosion s'est produite», a-t-il ajouté. Plus d'une dizaine de personnes sont décédées, dont deux médecins et un étudiant, à l'extérieur de cet hôpital où s'étaient spontanément présentés de nombreux volontaires après les premiers attentats. «Nous ne devrions laisser personne profiter de cet attentat pour créer un climat de terreur», a déclaré le ministre indien de l'Intérieur, Shivraj Patil. «La terre du Mahatma Gandhi (originaire de cet Etat) a été ensanglantée par des terroristes que nous n'épargnerons pas», a toutefois déclaré, dès samedi, le Premier ministre de l'Etat du Gujarat, Narendra Modi, un nationaliste hindou. «Des terroristes sont en train de faire la guerre à l'Inde. Nous devons nous préparer à une longue bataille contre le terrorisme», a ajouté le dirigeant, une figure controversée en Inde, notamment accusé d'avoir fermé les yeux lors des émeutes interreligieuses en 2002. Les tensions dues à ces affrontements n'ont jamais complètement disparu à Ahmedabad, une ville de plusieurs millions d'habitants. Mais la ville semblait plutôt calme dimanche. Nombre de policiers et paramilitaires y patrouillaient afin de prévenir toute tentative de représailles à l'encontre des musulmans suite à la revendication du groupe islamiste. Selon des médias indiens, des équipes de déminage ont trouvé dimanche trois bombes qui n'avaient pas explosé et la police a mené plusieurs raids, notamment dans une maison des environs de Bombay d'où pourrait avoir été envoyé le courrier électronique revendiquant les attaques. Les grandes villes indiennes ont été, au cours des dernières années, le théâtre d'attentats à la bombe apparemment bien préparés. Les responsables indiens ont, la plupart du temps, mis en cause le Pakistan où des groupes soutenus par Islamabad, des accusations rejetées par ce pays. L'Inde avait affirmé plus tôt, dans la semaine, que le processus de paix entre les deux pays était «sous tension», et répété que des «éléments du Pakistan» étaient à l'origine de l'attentat contre son ambassade, en Afghanistan, qui a fait 41 morts le 7 juillet.