Le soleil, inondant de lumière tous les espaces, caresse de ses rayons chauds le petit village paisible dont les bâtisses, d'un blanc immaculé, brillent de mille feux. Le sentier serpentant à travers la montagne, traversant forêts et maquis, offre au détour d'un virage une vue superbe: Chétaïbi se présente avec ses maisonnettes éparses, s'agglutinant au flanc de la montagne, se pressant pour se rapprocher et se fixer sur le bord de la mer. Une baie immense surplombée par des rochers de granit et un petit port de pêche où quelques chalutiers et embarcations mouillent tranquillement à l'abri des vents. Le soleil, inondant de lumière tous les espaces, caresse de ses rayons chauds le petit village paisible dont les bâtisses, d'un blanc immaculé, brillent de mille feux. La plage à quelques mètres de la route grouille de monde en ce mois de juillet. Emigrés venus en famille profiter au pays de quelques jours de vacances, des centaines de touristes arrivés des villes voisines et même de wilayas lointaines, installés sous des parasols multicolores, admirent l'infini de la mer calme et doucereuse, embrassant de son eau tiède la multitude de baigneurs. Sur la petite promenade, des restaurants, des fast-foods, des cafétérias et de petits magasins de souvenirs se disputent les nombreux clients en leur proposant leurs services à des prix plus ou moins abordables. Les éléments de la Gendarmerie nationale et de la Protection civile veillent. Un peu plus loin, sur les quais du petit port de pêche, principale ressource du village, des marins s'affairent. On recoud ses filets. On entretient son bateau et on se prépare à embarquer pour affronter la mer. «C'est surtout la pêche au bar qui est très prisée ici, confie un vieux pêcheur, on prend la mer juste après minuit et on revient à l'aube, les meilleures prises se font entre 3 et 4 heures du matin, mais vous savez, ici, à Chétaïbi, on n'a pas de gros moyens, c'est notre expérience et puis c'est au petit bonheur la chance, il y a des jours où on rentre bredouilles.» Derrière à quelque 200 mètres, la montagne de granit tombe presque à pic dans les flots et où viennent se briser les ressacs. Sur la falaise, loin du tumulte et des bruits de la plage, des pêcheurs à la ligne, juchés sur les rochers, s'adonnent à leur passe-temps favori. La ligne jetée loin dans la mer, on attend sa touche patiemment. Tout près, la forêt luxuriante étale son ombre bienfaisante et invite à une sieste sous l'un de ses nombreux chênes-lièges. Ce couvert végétal immense s'étendant sur des kilomètres est, par endroits, encore vierge. Un territoire insoumis à l'homme. Dame nature reprend ses droits. Des arbres centenaires aux feuillages drus, des maquis impénétrables aux fleurs et aux fruits sauvages abritent une faune qui vit et se reproduit dans son milieu naturel, selon un équilibre dont seule la nature a le secret. Le retour au petit village se fait par des chemins et des sentiers de montagne enjambant parfois de petits cours d'eau où l'on entrevoit quelqu'animal s'abreuver, qui, très vite, détale pour aller se cacher dans les buissons tout proches. Au bas de la montagne, la fameuse baie de Chetaîbi, une carte postale grandeur nature, un site féerique qui avait séduit l'Unesco mais qui, faute de défenseurs convaincus n'a pas pu bénéficier des largesses de cette institution internationale, s'étend comme un chat qui s'étire au réveil. Le Club des plus belles baies du monde dont le siège est à Vannes (France) n'a pas retenu la candidature de Chétaïbi au grand dam de ses amoureux inconditionnels. Ce «revers», la belle Chétaïbi, l'a rejeté d'une chiquenaude en continuant à accueillir à bras ouverts ses milliers d'admirateurs venus se blottir dans ses bras le temps d'un été. Les aléas de la vie sont loin. «J'aurais bien aimé passer toute ma vie ici, au milieu de toute cette beauté, parmi ces gens simples», confie un Constantinois qui découvre pour la première fois la région. A Chetaïbi il fait bon vivre. Les «commerçants du sommeil» «C'est une sorte de chant des sirènes auquel on ne peut se dérober.» Le coucher de soleil au-dessus de la baie est magnifique, une rougeur qui vire à l'orange pour ensuite se confondre avec la ligne de flottaison. La communion entre ciel et mer. Une entente tacite constituant l'un de ces tableaux des artistes de la Renaissance. Une attraction que seuls les initiés savent admirer. Et dire que le spectacle se renouvelle quotidiennement. La nuit tombée, le village brille de mille feux tel un collier de diamants se confondant avec les étoiles du firmament, offrant l'un de ces spectacles grandioses où le naturel et l'artificiel à l'unisson composent une fresque à faire jubiler la vue. La soirée vibre sous divers chants où se mêlent le raï et le châabi, entrecoupés de chansons du terroir berçant l'oreille avant de tomber dans les bras de Morphée et être réveillé le lendemain par une brise marine. Ainsi s'achève le rêve. Car dans la réalité, excepté un unique hôtel d'une dizaine de chambres, l'absence de structures d'accueil se fait remarquer. Ce qui laisse libre champ aux «commerçants du sommeil» qui louent leurs appartements. Une autre façon de renflouer les poches et de plumer le pauvre estivant. Les prix oscillent entre 10.000 et 15.000 DA la quinzaine. Normal, la population de Chetaïbi est dépourvus de moyens. Un chômage endémique frôlant les 80%, l'absence d'infrastructures, un développement au compte-gouttes, un aménagement et des installations vétustes, des moyens de transport réduits et une administration des plus archaïques. Un certain 23 octobre 2007, la révolte avait grondé dans les chaumières. Dressant des barricades et brûlant tout sur leur chemin, des centaines de jeunes avaient tenu à exprimer leur ras-le-bol et dénoncer leur marginalisation. Il avait fallu plus de trois jours et un comité de sages pour ramener le calme. Les autorités d'alors, avaient promis de prendre en charge leurs préoccupations. Certes, il y a eu quelques améliorations. «Ce n'est pas facile de venir à bout du chômage, nous dit un élu indépendant, nous essayons de faire de notre mieux, il y a bien, la Cnac, l'Ansej et la PID, mais nous avons des projets qui sont en passe d'être lancés, cela créera de l'emploi. Nous sommes à l'écoute de la population et nous espérons pouvoir satisfaire ses besoins. Les maigres moyens dont nous disposons ne nous permettent pas de répondre à toutes ces préoccupations, il faut du temps.» Du côté des jeunes, on garde espoir et on se débrouille comme on peut. L'été est propice pour se faire un peu d'argent. On s'improvise commerçant pendant la saison estivale, on loue des parasols et des chaises ou de petites tentes, on propose des fruits cueillis sur place ou on se fait recruter comme serveur dans l'un des nombreux restaurants ou cafés qui, en cette période ne désemplissent pas. «En été, avec l'arrivée des touristes, on arrive plus ou moins à s'en sortir en acceptant n'importe quel travail, nous dit un jeune chômeur, on se fait un peu d'argent qui nous permettra de nous déplacer plus tard pour aller chercher du travail ailleurs. Le reste de l'année c'est la galère.» Discours emprunt d'optimisme mais l'année a douze mois.