Le niveau intellectuel élevé des fonctionnaires fait qu'ils sont très pointilleux dans l'application de la réglementation. Avec le retour à la normale, l'espoir de tous, ici, en Kabylie, est que les investisseurs reviennent enfin pour redonner un nouveau souffle à une région qui est restée, pendant de longues années, otage de la politique politicienne. Le souhait de M.Améziane Medjkouh, président de la Chambre du commerce et de l'industrie du Djurdjura, est immense. «A chaque fois qu'un investisseur nous interroge sur la situation en Kabylie, on lui répond: venez et vous allez voir». Notre interlocuteur reste optimiste même si, concrètement, les choses demeurent en quelque sorte gelées. Pourtant, toutes les parties concernées par la redynamisation de l'activité économique, sont nourries d'une volonté réelle. Qu'il s'agisse du premier responsable de la wilaya, des élus ou des responsables de la Chambre du commerce, la volonté est la même. Mais l'intention ne suffit malheureusement pas pour permettre aux choses de bouger. Il faut de l'action, souligne Améziane Medjkouh qui ne cesse, à chaque fois que l'occasion lui est donnée, de déplorer l'état lamentable dans lequel se débattent les quinze zones d'activité existant sur le territoire de la wilaya. Pour notre interlocuteur, «il faudrait un véritable déclic qui doit provenir d'un effort commun entre les autorités de wilaya, les élus et le monde associatif. Les élus locaux sont impliqués dans le développement puisqu'ils se sont réappropriés leurs prérogatives.» Les potentialités existent. Le fait que la wilaya de Tizi Ouzou soit classée première à l'échelle nationale à l'examen du baccalauréat est, aux yeux du responsable de la Chambre du commerce et de l'industrie, un signe annonciateur d'un changement dans le bon sens. Mais les potentialités ont beau exister, elle doivent être suivies de mesures concrètes. La période de disette a trop duré. Sept ans et le statu quo risque encore de s'étirer. Suite aux événements du Printemps noir en 2001, plusieurs entreprises importantes n'ont pas pu résister à la tempête. Leurs responsables n'ont pas trouvé d'autre solution que de les délocaliser vers d'autres wilayas, plus paisibles. Pas moins de quinze entreprises importantes dans les secteurs de l'électroménager, de l'industrie chimique, de l'agroalimentaire ont quitté Tizi Ouzou. Un départ qui a entraîné la suppression de plus de 500 emplois directs et 1000 emplois indirects. Le malheur, c'est qu'en dépit de l'amélioration de la situation, les opérateurs ayant quitté Tizi Ouzou ne risquent pas de revenir car ayant trouvé des conditions de travail idoines dans les wilayas les ayant accueillis en 2001-2002. Le retour n'est pas envisagé d'autant plus que la wilaya de Tizi Ouzou est considérée comme la plus tatillonne en matière de procédures administratives, lesquelles sont émaillées de bureaucratie. «Pour parvenir à faire revenir les gens, il faut de l'incitation et de l'attractivité. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, il y a une pratique de la légalité qui est intense. Elle est systématiquement érigée en facteur de blocage. Dans les autres wilayas, on parle de facilitations mais, chez nous, le niveau intellectuel élevé des fonctionnaires fait que ces derniers ont tendance à être très pointilleux dans l'application de la réglementation. Ailleurs, une sorte de ´´permissivité´´ est génératrice de projets», explique M.Améziane Medjkouh, propriétaire d'une importante unité de production à Tizi Ouzou, et qui a toujours travaillé à plein régime, y compris quand la wilaya vivait des moments difficiles. Mieux encore, c'est en 2001, en pleine tornade, que son entreprise a connu des extensions. Cela ne veut pas dire que cette unité n'a pas été affectée par les événements en question, mais la détermination de son personnel a fait que l'optimisme l'a emporté. Ce n'est pas la seule entreprise qui a survécu. Elles sont des dizaines auxquelles M.Medjkouh, en sa qualité de président de la Chambre du commerce et de l'industrie, rend hommage pour avoir maintenu leur activité en dépit des difficultés énormes rencontrées. Interrogé pour savoir si les choses sont définitivement rentrées dans l'ordre dans la wilaya, M.Medjkouh se montre très prudent. Il dit que la région est en voie de normalisation et tend vers les mêmes critères que ceux qu'on retrouve à travers l'ensemble du territoire national mais «le processus n'est pas totalement achevé». Au sujet du rôle joué par la structure qu'il dirige et qui regroupe en son sein 670 adhérents des deux wilayas de Tizi Ouzou et de Bouira, il explique: «Nous sommes un espace intermédiaire d'accompagnement entre l'administration et ses collectivités, les élus et les opérateurs économiques. Notre rôle consiste beaucoup plus à informer, assister et accompagner les opérateurs existants comme de les prendre en charge et inciter ceux qui veulent investir, à le faire.»