Les analystes américains appellent à changer l'orientation et mettre en place une réflexion fondamentale sur la stratégie US. L'administration Bush est appelée à réviser sa copie en matière de lutte antiterroriste. La politique américaine de lutte contre la nébuleuse d'Al Qaîda est qualifiée «d'échec» et de «hors sujet». C'est ce qu'a confirmé un rapport publié, mercredi dernier, par le groupe de réflexion américain Rand corporation qui travaille sous la tutelle du Pentagone. Ainsi, le Pentagone affirme que la guerre contre le terrorisme, conduite par l'administration Bush depuis sept ans, est «hors sujet». Justifiant cet échec, le rapport intitulé Stratégie de la défense nationale souligne que l'organisation d'Al Qaîda a procédé depuis 2001 à un plus grand nombre d'attaques, couvrant une dimension géographique plus étendue qu'à aucun autre moment de son histoire. Ce même document affirme que la guerre contre le terrorisme, conduite par l'administration Bush, est peu probable qu'elle soit efficace sans changement d'orientation. Afin de surmonter le «handicap», l'étude appelle à «une réflexion fondamentale sur la stratégie américaine». Car, elle considère que l'organisation terroriste actuelle est «puissante» et «compétente». Comme première proposition, les analystes américains suggèrent de réduire les opérations militaires au strict nécessaire et au renforcement de la collecte de renseignements. Autrement dit, les Américains reconnaissent l'échec de la politique militaire menée depuis les attentats de 2001. La solution militaire conduirait forcément à l'échec: «Il n'y a pas de solution sur le champ de bataille.» L'étude démontre aussi que les efforts déployés pour combattre l'ennemi ont «l'effet inverse», créant la colère au sein des populations qui rallient les groupes terroristes. Egalement, la nouvelle stratégie du Pentagone, révélée par les mêmes experts, préconise de se focaliser dans les prochaines années sur une «guerre irrégulière» contre les extrémistes plutôt que sur une «guerre conventionnelle» contre la Chine ou la Russie. «Dans l'avenir, gagner la guerre irrégulière contre les mouvements extrémistes et violents sera l'objectif central des Etats-Unis», a noté le rapport. Et de rajouter: «Le nouvel environnement stratégique des Etats-Unis sera défini par une lutte globale contre l'idéologie extrémiste et violente qui cherche à renverser l'ordre mondial.» L'armée américaine doit donc se préparer à une lutte plus diversifiée et de longue durée contre les insurrections et le terrorisme, à l'échelle mondiale. Dans un autre chapitre intitulé: «Que deviennent les groupes terroristes?», le rapport a procédé à l'analyse des statistiques de l'activité de 648 groupes terroristes entre 1968 et 2006. Ce dossier apporte un éclairage opportun sur la manière de mettre fin à la terreur semée par les membres de ces groupes. Comme conclusion de ce chapitre, la Rand Corporation déclare que les terroristes atteignent très rarement leurs objectifs: seulement 27 groupes (soit 10% de ceux étudiés par le think tank) ont cessé leurs activités après avoir atteint leur but. La dérive. Bizarrement, le rapport classe le Front de libération nationale dans les rangs des groupes terroristes. Il classe le FLN/ALN comme groupe terroriste qui a atteint ces objectifs! Peut-on appeler un mouvement de libération nationale, groupe terroriste? Apparemment les Américains n'ont pas encore dépoussiéré leurs archives puisqu'ils agissent toujours selon les rapports qui leur ont été fournis par les services secrets français (Sdec) durant les années 50. Evidemment, pour les services français, le FLN/ALN était un mouvement terroriste. 46 ans après l'Indépendance de l'Algérie, les Américains qualifient les Moudjahidine de «terroristes». Ce qui contredit même la politique américaine, car les USA étaient les premiers à reconnaître l'Etat algérien. L'Indépendance de l'Algérie est devenue possible grâce au FLN/ALN. Donc, il y a de quoi s'interroger sur le pourquoi de cette «appellation» et maintenant, plus précisément. Que reprochent encore les Américains au FLN et à l'Algérie? Finalement, il est vraiment temps que les Américains revoient leur copie.