Beaucoup d'observateurs font un constat peu reluisant quant au degré de mobilisation de la société autour de la chose politique. Tous les états-majors des partis, en lice pour les prochaines législatives, ont le même souci: sensibiliser les citoyens sur l'importance d'une participation massive aux élections. En fait, vaincre l'indifférence du peuple vis-à-vis du scrutin se pose comme le seul grand défi de la classe politique acquise au principe de la participation. Une véritable préoccupation qui ne se ressent pas uniquement chez les leaders des partis politiques. Beaucoup d'observateurs font un constat peu reluisant quant au degré de mobilisation de la société autour de la chose politique. Tous les spécialistes interrogés par L'Expression ont estimé que les partis, en course pour l'hémicycle Zighoud-Youcef, ne sont pas en compétition entre eux, mais contre le spectre de l'abstention. Cette dernière, estime une bonne partie d'entre eux, représente un danger réel qui peut compromettre la prochaine législature au sens où les islamistes, qui se trouvent être la force politique mobilisatrice, ont toutes les chances de briller le jour du scrutin. Cinq jours se sont écoulés dans la campagne électorale. Le taux d'abstention tout comme le boycott déboucheront inévitablement sur une nouvelle alternative pour le moins fâcheuse, aussi bien pour le pouvoir que pour la frange républicaine de la classe politique. La probabilité du maintien d'une sorte de statu quo par rapport aux réformes est grande. Cet état de fait serait vraisemblable si la société civile ne se sentait pas concernée par le prochain rendez-vous avec les urnes, relèvent les mêmes observateurs. Ces derniers soutiennent que la prochaine législature sera dominée ou par un FLN rénové, ou par les partis islamistes qui, profitant d'un fort taux d'abstention, occuperont l'espace laissé vide par les partis démocrates. Le syndrome français en fait. La France, qui a eu chaud au premier tour avec la montée de Jean-Marie Le Pen, a pu se rattraper par la deuxième chance que représente le second tour. Un tel scénario n'est pas possible chez nous du fait que le régime électoral algérien ne prévoit qu'un seul tour. Cela dit, relèvent certains observateurs avertis de la scène politique nationale, les Algériens sont tout à fait capables de créer la surprise en allant à contresens des analyses les plus objectives, pour peu que l'on arrive à leur expliquer l'importance capitale de l'enjeu. L'élection présidentielle de 1995 est un exemple qui illustre bien cet état de fait. En battant un record de participation, malgré les mises en garde du GIA, le peuple a clairement montré son attachement à la République, affirment des spécialistes. «Pour le prochain rendez-vous électoral, il s'agit de démontrer, preuve à l'appui, le péril qui guette le principe républicain, en cas d'abstention massive», a déclaré un observateur à L'Expression. Cela, les partis participants semblent l'avoir compris, mais le tout est de voir l'efficacité de leur discours sur le comportement électoral des citoyens. Le Président de la République, de son côté, met toute sa crédibilité dans la balance en promettant un scrutin transparent. Autant dire que l'épisode de 97 n'est pas près de se reproduire, pour plusieurs raisons d'ailleurs. Celui de 91 non plus, à voir la détermination du chef de l'Etat à «respecter le choix du peuple». Le processus électoral ne sera donc pas interrompu, même si les urnes réservent des surprises dues à l'abstentionnisme.