«Ce ne sont même pas des enseignants qui ont entamé cette grève, ce sont des citoyens...», a précisé M.Khaldi. Un nouvel épisode d'un feuilleton dont les prémices remontent au 14 juillet 2008. D'une part, des enseignants contractuels dont certains ont déjà un pied dans la tombe, dont l'état de santé s'est aggravé ces derniers jours. «Nous sommes des oubliés de la réforme», ont-ils clamé hier d'une seule voix lors d'un sit-in empêché par les forces de l'ordre. D'autre part, le département de l'éducation par la voie de son secrétaire général, M.Khaldi, rassure dans une conférence de presse qu'il a animée, hier à 10 heures, au siège de ce département. Au moment du sit-in. Une pure coïncidence? Que non! Les arguments avancés, en guise d'explication, dans une langue hybride, arabe classique, arabe populaire et langue de Molière, ne convainquent personne. «La Constitution ne confère à ces enseignants contractuels ni la qualité de fonctionnaires ni le droit à une intégration à la Fonction publique», souligne M.Khaldi tout souriant. Ou encore: «A la fin du mois de juin, le contrat de ces enseignants est devenu caduc. Accordez de l'importance à ce terme», ne cesse-t-il de rappeler aux journalistes présents. Paradoxal! C'est au moment où ce responsable esquisse son éternel sourire, que des enseignants ont été tabassés à deux lieues d'ici, au palais d'El Mouradia. Là où ils ont voulu crier tout haut leur ras-le-bol et les souffrances quotidiennes qu'ils endurent pour se faire entendre. Car, jusqu'à présent, leurs doléances sont demeurées lettre morte. La manière dont ces enseignants ont été malmenés, a été à la limite de l'agressivité. Des évanouissements, de la violence et quelques manifestants embarqués par la police. Recrutés au moment où le secteur de l'éducation a connu une saignée en termes d'enseignants, ces contractuels ont été «dupés», dès qu'ils se sont aperçus que ce département était décidé à recruter à tour de bras, sans songer à régulariser les contractuels. Leur grève de la faim est insignifiante aux yeux de M.Khaldi. «Ce ne sont même pas des enseignants qui ont entamé cette grève, ce sont des citoyens...», lâche le représentant du département de l'éducation nationale. Par ce genre de propos, la solution tant attendue ne semble pas être pour aujourd'hui. Sollicité d'intervenir pour éviter le pire, car il détient les solutions, le département de Benbouzid jette, encore une fois, de l'huile sur le feu. Les journalistes présents sont restés sur leur faim. Leurs interrogations ont été éludées. Tout au long de la conférence, M.Khaldi n'a cessé de rappeler les modalités permettant l'accès à la Fonction publique. Et de préciser que la parution du nouveau statut est prévue dans quelques semaines. D'autre part, il appelle ces enseignants à faire preuve d'optimisme. «Il ne faut pas que ces enseignants contractuels perdent espoir. On a besoin d'eux et on est là pour leur donner de l'espérance...», poursuit le SG de l'éducation nationale. Leur espoir est lié aux résultats du concours passé le 29 juillet dernier dont les délibérations auront lieu dans une semaine. «Sur 66.000 candidats, 29.000 enseignants entre suppléants et contractuels», ajoute M.Khaldi. Et de laisser paraître un brin d'optimisme: «Ces enseignants ont bénéficié d'une bonification liée à leur expérience professionnelle qui leur a été accordée à titre exceptionnel.» Cependant, dit le conférencier, ces enseignants demandent leur intégration. Un point nodal sur lequel le département de l'éducation nationale, au même titre que la Fonction publique ont montré leurs limites. Qu'en est-il de ces enseignants qui détiennent des diplômes universitaires et ont déjà exercé? «Il existe des spécialités qu'on ne peut pas retenir sauf pour combler un poste vacant pour une période bien déterminée», précise l'orateur. En 2003, pas moins de 43.000 enseignants contractuels ont été intégrés. Explication? «C'était une décision politique qui ne se reproduit pas cette année. Ne vous attendez pas à des solutions politiques», a-t-il affirmé. S'agissant de la médiation entreprise par l'Union nationale des associations de parents d'élèves, l'orateur a réitéré son niet en précisant que l'unique interlocuteur officiel est la Fédération nationale des associations de parents d'élèves(Fnape). «On n'a pas besoin de cette médiation», ajoute-t-il. Comme il ne croit plus à l'intervention des ONG internationales qui, selon lui, «sont en train d'orchestrer cette histoire de la grève de la faim».