Le ton est haut, dur et intransigeant. Boubekeur Khaldi, secrétaire général du ministère de l'Education nationale, a réitéré hier, d'une manière solennelle et expéditive, le refus de la tutelle de procéder à l'intégration des enseignants contractuels et suppléants dans leurs postes. Lors d'un point de presse tenu au siège du ministère, M. Khaldi, éminence grise du département Benbouzid, s'est voulu plus qu'intraitable, impitoyable. Les grévistes de la faim, une trentaine d'enseignants « contractuels », bouclent aujourd'hui leur 39e jour de jeûne de protestation. « Ce n'est pas parce qu'une poignée d'enseignants fait une grève de la faim qu'ont doit fouler aux pieds les lois de la République », a-t-il dit. Le recrutement dans un emploi de la Fonction publique s'effectue, d'après ce haut responsable, soit par voie de concours sur épreuves, sur titres ou après un test professionnel. Le secteur de l'Education nationale, précise-t-il, ne recrute que par voie de concours. « Et c'est seulement à titre exceptionnel que nous sommes autorisés à recruter des contractuels et des suppléants », enchaîne l'homme de main de Benbouzid. Selon les syndicats autonomes, la catégorie des contractuels et suppléants compterait plus de 40 000 enseignants à travers tout le pays (26 000, selon le ministère, ndlr). Et autant d'exceptions. De quel droit se prévalent donc les enseignants protestataires ? D'aucun, selon le fonctionnaire. Des « citoyens »... pas des enseignants ! M. Khaldi récite l'article 22, alinéa 2, de l'ordonnance portant statut général de la Fonction publique de juillet 2006, qui stipule que les emplois occupés par les contractuels et les suppléants ne leur confèrent « ni la qualité de fonctionnaires ni le droit à une intégration à un grade de la Fonction publique ». Et de commenter : « Ce ne sont pas les lois du ministère, mais celles de la République algérienne. Il s'agit, je le rappelle, d'une ordonnance qui a été signée par le président de la République, que nous nous devons de faire respecter. » Khaldi déniera à cette frange d'éducateurs précaires « la qualité de fonctionnaire du secteur de l'éducation ». « Ceux qui sont en train de faire la grève de la faim, ce sont des citoyens et non des enseignants. Ils ont été engagés pour l'année scolaire, celle-ci est clôturée ; en juillet, leurs contrats deviennent ipso facto caducs. » Les grévistes n'ont donc pas à se présenter en « fonctionnaires à part entière de l'éducation ». Du légalisme de circonstance au déni manifeste de la réalité, une bonne dose de cynisme et quelques mots assassins. Cela étant, pour les « crève-la-faim » au siège du Snapap, à El Harrach, en grève depuis le 14 juillet dernier, tout n'est pas vraiment perdu. Du moins selon Khaldi. De l'« espoir », il y en aura pour tous. Y compris pour les « citoyens ». M. Khaldi, qui écarte toute « solution politique » au conflit, invite les protestataires à « suivre l'exemple des 29 000 enseignants (qui ont) subi le 29 juillet dernier les épreuves du concours lancé par la Fonction publique ». 26 000 nouveaux postes budgétaires ont été octroyés cette année au secteur de l'éducation et annoncés récemment par le ministre de l'Education. « Il y en aura autant dans les années à venir », a-t-il ajouté. Les besoins sont énormes en matière d'encadrement pédagogique, selon lui, et l'éducation aura toujours besoin de leurs « services ». « Je dis à ces grévistes de ne pas se laisser entraîner dans des entreprises qui desservent leurs intérêts. Il ne faut pas perdre espoir : le secteur de l'éducation a encore besoin de vous. » Questionné à propos de la dégradation alarmante de l'état de santé des grévistes, M. Khaldi dit ne pas souhaiter qu'« il y ait de drame ». « Que les uns et les autres prennent leurs responsabilités », achève-t-il.