Les champions du monde espagnols affrontent une impressionnante équipe américaine. Il ne reste plus que l'Espagne pour empêcher les basketteurs américains de réussir leur grand retour sur le devant de la scène ce matin aux Jeux de Pékin. Après huit ans de catastrophes en série, les Etats-Unis ont retrouvé, pour la première fois depuis les Jeux de Sydney en 2000, l'accès d'une finale planétaire en assommant vendredi le champion olympique argentin (101-81). Vainqueurs (91-86) de la Lituanie dans la première demi-finale, les champions du monde espagnols ont eu tout le loisir de se rendre compte de la tâche qui les attend désormais. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle s'annonce extrêmement compliquée. Ils ont en eu un aperçu lors du premier tour où ils ont été soufflés du terrain (119-82) par la furia US. La victoire des Américains sur l'Argentine n'a rien fait pour les rassurer. «Ils seront très difficiles à arrêter», a commenté le sélectionneur argentin Sergio Hernandez, fier de ses joueurs qui, à bout de forces, ont livré un baroud d'honneur formidable mais tellement vain vu la qualité en face. Appliqués à effacer leur défaite face aux Argentins au même stade de la compétition en 2004, les joueurs US ont quasiment tué le match d'entrée en menant de 21 points à la neuvième minute (30-9). La perte de Manu Ginobili, victime d'une entorse à la cheville gauche, a sonné les derniers espoirs de l'Argentine, déjà très limitée en rotations après le départ en retraite de plusieurs membres de la génération dorée. Dans le sillage d'un énorme Luis Scola, elle a bien entamé une remontée fantastique pour s'approcher jusqu'à six points (46-40) à quelques secondes de la mi-temps. A ce moment, les Américains ont donné un petit aperçu de leur principale faiblesse - arrogance et facilité - qui leur a coûté très cher par le passé et qui constitue peut-être le seul motif d'espoir pour l'Espagne en finale. La mi-temps est visiblement venue à pic pour recadrer les divas de la NBA empêtrées, sous les sifflets du public, dans des actions individuelles à l'image de Kobe Bryant, déclenchant ses tirs à dix mètres. Car dès le retour des vestiaires, ils ont retrouvé un semblant de sérieux pour reprendre leur inexorable marche en avant. «Dans le deuxième quart-temps, on a oublié de défendre, a réagi le sélectionneur US Mike Krzyzewski, mais battre le champion olympique de vingt points me va très bien!» Que peut espérer l'Espagne face à une telle machine qui, hors quelques rares moments d'égarements, semble toute dévouée à son objectif de reconquête. «Rien n'est impossible», a déclaré le coach espagnol Aïto Garcia. Reste que lui aussi en convient: «Ce sera compliqué», surtout si son meneur Juan Manuel Calderon, touché aux adducteurs, devait manquer la finale. Bien-sûr l'Espagne a d'autres grands joueurs en magasin. Comme Pau Gasol, qui a permis de maintenir le navire ibère à flot lorsque les Lituaniens, battus pour la cinquième fois de suite dans une demi-finale olympique, ont bombardé derrière la ligne à trois points. Ou encore Rudy Fernandez, déterminant en fin de match pour mater les lanceurs de couteaux baltes. «Cette victoire nous donne grande confiance pour finale. On a désormais l'occasion d'écrire l'histoire», a souligné l'intérieur Carlos Jimenez, en lice comme ses coéquipiers pour un fabuleux doublé Mondial-JO que seuls les Etats-Unis, la Yougoslavie et la Russie ont réussi. Mais il en faudra sans doute plus aux Espagnols pour prendre leur revanche de leur défaite face aux Etats-Unis en finale des Jeux de Los Angeles en 1984. Ils avaient, vendredi, un peu moins de quarante-huit heures pour trouver la recette miracle.