L'Ethiopie n'a eu besoin que de deux athlètes pour briller en or. Le Kenya, avec deux victoires et cinq médailles, s'est taillé la part qui lui revient en demi-fond samedi lors de l'ultime soirée des Jeux de Pékin, marquée surtout par le doublé de l'Ethiopien Kenenisa Bekele, vainqueur du 5000 m six jours après avoir gagné le 10.000 m. Confirmant son retour au premier plan des Mondiaux 2007 à Osaka, le Kenya a fait encore mieux aux Jeux 2008, avec des premières sur 800 et 1500 m féminins. Si le doublé de Pamela Jelimo et Janeth Jepkosgei, lundi dernier, était escompté, le succès de Nancy Jebet Lagat sur 1500 m a constitué une surprise. En l'absence de la Russe Yelena Soboleva, rattrapée par une affaire de dopage, on attendait la Bahreïnienne Maryam Yusuf Jamal au sommet. Malade, l'ex-Ethiopienne s'est éteinte à 250 m de la ligne, terminant cinquième. Wilfried Bungei est sorti de l'ombre. Homme des meetings - aucun spécialiste du double tour de piste n'a été plus rapide que lui (1:42.34) depuis 2002 -, il n'avait jusqu'à ce 23 août rien fait de probant dans les grands championnats. Bon sang ne saurait mentir: le garçon est parent par sa mère de l'ex-champion Henry Rono (3000/5000 m). Et c'était son jour, puisqu'il avait hérité de la ligne 3, son chiffre porte-bonheur. «Je suis arrivé ici en tant que challenger. La course s'est bien passée et je savais qu'il ne fallait pas paniquer. Ça a été une bonne soirée pour le Kenya. On a fait quelque chose de bien pour notre pays», a expliqué le vainqueur, qui s'entraîne depuis dix ans en Italie. Avec seulement deux athlètes, mais quels champions, l'Ethiopie a fait aussi bien que le Kenya, soit quatre médailles d'or dans les courses. Après Tirunesh Dibaba, chez les dames, Kenenisa Bekele a réalisé le doublé manqué de peu à Athènes. A Pékin, il n'y avait pas le Marocain Hicham El Gerrouj pour empêcher le crack de Bekoji d'accomplir son destin. Et Bekele d'expliquer: «C'est ce que j'ai réalisé de mieux, c'est certain. Une médaille d'or olympique et un record (olympique), que pouvais-je espérer de mieux? Il me restait 15 à 20 pour cent d'énergie pour faire la différence.» Son sprint en progression, initié à quatre tours de la fin, a fait céder même les Kényans. Les relais américains ont dominé les 4X400 m. Difficilement avec les dames, chez lesquelles Sanya Richards s'est bien rattrapée de sa contre-performance de l'épreuve individuelle (3e) pour battre tout à la fin la Russe Anastasia Kapachinskaya. La «Dream Team» masculine, composée des trois médaillées du 400m et du champion olympique du 400m haies, n'avait rien à craindre. Et les Bahamas se sont emparés de l'argent sur le fil au dépens de la Russie, qui a fini fort. Pour conjurer le mauvais sort de la chute du bâton des relais du tour de piste éliminés dès les séries, les Américain(e)s avaient d'ailleurs échangé leurs traditionnels maillots bleu nuit avec une tunique rouge. Les deux concours ont consacré le Norvégien Andreas Thorkildsen, avec un record des Jeux au javelot (90,57 m) pour confirmer sa victoire d'Athènes, et la Belge Tia Hellebaut à la hauteur. Pour clôturer les épreuves du stade, en attendant dimanche l'acte final du marathon, la Flamande s'est offert une victoire sur la Croate Blanka Vlasic qui restait sur 34 victoires. Elle a passé 2,05 m au premier essai, Vlasic au deuxième. «Je suis toujours là dans les grands Championnats. Je suis toujours prête. J'aime la pression», a expliqué la championne d'Europe (plein air et en salle).