La communication est aujourd'hui l'atout clé des relations internationales. Depuis la chute du mur de Berlin, mais surtout depuis les attentats du 11 septembre, la scène internationale est marquée par des mutations profondes, et les choses vont maintenant à un rythme soutenu, au point que l'Algérie se voit obligée de s'adapter à ce processus mondial irréversible. Vu que le temps des monopoles et du parti unique est révolu, l'Algérie est tenue de faire un saut qualitatif: défendre son image de marque, attirer les investisseurs, vendre le produit algérien, faire la promotion de sa culture. Et comment peut-elle le faire si ce n'est à travers sa diplomatie et ses représentations diplomatiques et consulaires à l'étranger. L'autre point qui requiert de l'Algérie un plus grand effort, c'est le fait qu'elle soit entrée en négociation avec ces grands ensembles et institutions internationales que sont l'Union européenne, l'Organisation mondiale du commerce, la Banque mondiale, l'Otan. C'est bien de dire qu'il faut faire la promotion du produit algérien, mais encore faut-il avoir quelque chose à vendre. Et c'est vrai que pendant bien longtemps, l'Algérie était en économie dirigée et n'avait à proposer à l'exportation qu'un seul produit: les hydrocarbures. Aujourd'hui qu'on est entré en économie de marché et qu'il s'agit de diversifier les exportations hors hydrocarbures, nos services diplomatiques à l'étranger ont été sollicités pour ouvrir des représentations commerciales animées par des personnes compétentes. L'autre aspect que veut prendre en charge le ministère des Affaires étrangères a trait à la formation. Les négociations avec l'OMC et l'Union européenne, le processus de Barcelone et la mise en place de la zone de libre-échange à l'horizon 2012, requièrent d'avoir des négociateurs compétents et rompus à tous ces concepts. C'est la raison pour laquelle le ministère des Affaires étrangères, qui pilote la plupart de ces dossiers, a ouvert un Institut supérieur de la diplomatie au sein même du ministère. Animés par des professeurs émérites et des diplomates de carrière, les cours visent à doter les négociateurs des outils conceptuels nécessaires. La bataille diplomatique est aussi une bataille de la communication, et c'est la raison pour laquelle les organes de presse ont été invités par M.Amine Kherbi, ministre délégué auprès du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, à déléguer des journalistes pour les faire bénéficier de stages de formation. La même remarque avait été faite en début de semaine par M.Hamid Temmar, qui a invité les organisations professionnelles et les syndicats à désigner leurs représentants à un stage bloqué qui définira la stratégie à adopter au cours des négociations avec l'OMC. Cela arrive un peu tard, mais les Algériens prennent conscience que pendant longtemps, ils sont passés à côté de quelque chose d'important et que de nombreuses opportunités leur sont passées sous le nez, tout simplement parce qu'ils ne tenaient pas le même langage que leurs vis-à-vis étrangers. Comme dirait M.Amine Kherbi: «Il y a langue et langage, il faut distinguer entre les deux.» Le redéploiement de la diplomatie algérienne doit donc passer par des phases de mise à niveau, tout comme nos entreprises sont en train de le faire. La compétitivité et l'émulation, lorsqu'elles se déroulent à l'échelle internationale, requièrent d'autres réflexes et d'autres comportements. Et cela est valable à tous les niveaux. Une équipe de football de quartier ne peut aller affronter directement l'Ajax Amsterdam ou le Real Madrid. L'émergence d'un Etat régulateur qui libère la sphère économique de la tutelle pesante de l'administration, donne du même coup une impulsion nouvelle à l'action de la diplomatie et l'inscrit dans la perspective d'une plus grande efficacité et pugnacité, tout en lui fixant le cap et les objectifs à atteindre à l'horizon 2020 ou 2030.