Pour le plus vieux parti d'opposition, l'actuel système politique en place est métastasé. «Le pays est encore loin de la paix et de la démocratie promises», a estimé, avant-hier, le premier secrétaire national du Front des forces socialistes, M.Karim Tabbou, lors de l'ouverture des travaux du camp politique qu'organise son parti depuis mardi soir dans la commune de Souk El Tennine à Béjaïa. Dressant un tableau noir de la situation sociale et économique du pays, le N°2 du FFS n'a pas été tendre avec les tenants du pouvoir et ceux qui prônent la violence. Dans une intervention, qui a cerné les enjeux et les perspectives, le FFS s'est présenté comme «la chimiothérapie» d'une «métastase du système» pour paraphraser les intervenants. «Les attentats, les grèves de la faim, les révoltes populaires, la misère sociale» sont autant de faits quotidiens qui témoignent aux yeux de Karim Tabbou, «d'un contexte politique difficile». «La liberté d'expression et la liberté de conscience sont bafouées par la violence et l'intolérance», a-t-il ajouté dans une allocution fortement applaudie par les 320 étudiants venus de 15 wilayas du pays pour prendre part à cette université d'été que le FFS a désigné de «camp politique». «La terreur est toujours là à faucher des vies humaines, accroître le sous-développement et à nous rendre encore plus vulnérables aux crises encore plus difficiles qui peuvent surgir à l'avenir», s'est-il indigné. Un constat sans complaisance qui fait dire au premier secrétaire du FFS que «le pays s'enfonce dans l'impasse et le statu quo». «Les derniers attentats ont démenti les affirmations officielles d'une réconciliation nationale réussie», a soutenu Tabbou qui interpelle conséquemment «sur des lendemains incertains». Loin de sombrer dans le désespoir, le FFS propose une «action pour stopper l'érosion des principes et des valeurs». «Nous devons agir intelligemment pour créer un large mouvement de contestation pacifique et de conscience politique, capable de redonner espoir à la population». «Aujourd'hui, c'est l'engagement de tous qui est indispensable pour faire vivre la politique et le combat pour les droits de l'homme», a-t-il souligné. «C'est, en fait, l'objet de ce regroupement qui vise à partager des idées, à échanger des opinions et des expériences dans un esprit de liberté, de pluralisme et de tolérance», indiquera-t-il encore en substance à l'adresse des participants. Auparavant, le premier secrétaire du Front des forces socialistes a précisé que cette rencontre est le point de départ d'une série de rencontres et d'actions politiques s'inscrivant dans la mise en oeuvre des résolutions du 4e congrès. L'école de formation «Ali Mecili» est aussi une occasion de débattre de la question de l'ouverture du parti, son avenir et son devenir. Enfin une occasion de «réaffirmer notre choix stratégique d'ouverture». Tabbou n'omettra pas de rappeler le choix irréversible du FFS en tant que «force d'opposition radicale et pacifique qui prône le changement et qui ambitionne de construire une alternative crédible et démocratique». MM.Tamadartaza, directeur de l'école de formation, Hamid Ferhat, président de l'APW de Béjaïa et le maire de la commune de Souk El Tenine, fraîchement installé, ont précédé le premier secrétaire du FFS dans de courtes interventions. Il y a lieu de noter la présence de Djamil Chahine, militant de la cause palestinienne et Mâamar Boudersa, professeur en économie. Le camp politique du FFS traitera de trois principaux thèmes. «Mahmoud Darwish: la poésie, le sens des mots au service d'un engagement et d'un idéal», «le problème politique par excellence» et «la pratique politique: cas concrets», autant de sujets qui feront l'objet de larges débats au cours de cette rencontre qui a élu domicile au bord de la mer dans un camp de toile mis gracieusement à la disposition du FFS par l'Orcv.