Le phénomène devient d'autant plus préoccupant qu'il touche les jeunes âgés entre 18 ans et 30 ans. L'émigration clandestine s'intensifie. Le phénomène bat son plein, notamment ces dernières années. Ce sont des centaines, voire des milliers, qui tentent, contre vents et marées, de rejoindre clandestinement la rive nord de la Méditerranée. Ni la surveillance draconienne du littoral, ni le danger de mort qui les guette à chaque instant, et encore moins les fetwas interdisant la «harga» prononcées par les religieux, n'ont infléchi la volonté des candidats à l'émigration clandestine. En une semaine, plus de 118 personnes ont été arrêtées sur, seulement, les côtes est du pays. Le phénomène devient d'autant plus préoccupant lorsqu'on apprend qu'il touche les jeunes âgés entre 18 ans et 30 ans. Parmi eux, des lycéens qui viennent tout juste de décrocher leur Bac. La «harga» ne se soucie pas du statut social. Les harragas sont des travailleurs et des chômeurs, des riches et des pauvres, des étudiants et des recalés de l'école. Ils veulent tous rejoindre le «paradis» nordique. Mais qu'est-ce qui fait fuir ces jeunes Algériens? Qu'est-ce qui les pousse à quitter un pays aussi riche que l'Algérie, pour d'autres cieux? Pourtant le pays dispose de toutes les richesses susceptibles de retenir le plus audacieux des candidats à l'émigration clandestine. Les analystes se veulent catégoriques. Les travailleurs, parce qu'ils sont mal payés. Les chômeurs, pour le manque de travail. Les riches pour le manque de cadre de vie adéquat. Les pauvres, pour fuir la misère. Les étudiants, parce qu'ils voient l'avenir en noir. C'est que la vie devient de plus en plus difficile en Algérie. Et la question qui n'a de cesse de tarauder les esprits, c'est de savoir pourquoi on en est là? «La problématique posée est comment redonner confiance aux jeunes en leurs propres capacités et dans les institutions de leur pays où la catégorie des moins de 30 ans constitue près de 70% de la population», avait déclaré le président de la République. Pour redonner de l'espoir à ces jeunes, M.Bouteflika n'a pas manqué d'instruire les responsables de solutionner, en urgence, l'épineuse problématique de l'émigration clandestine. Il leur a conseillé à cet effet, d'élaborer une nouvelle politique d'intégration et d'insertion des jeunes, en matière d'emploi, dans les grands projets mis en oeuvre. Une année après ces instructions données par le président, aucune solution à même de freiner le phénomène de la harga n'est perceptible sur le terrain. Pis, les dernières critiques formulées par Abdelaziz Bouteflika à certains de ses ministres, pour l'échec cuisant de leur politique, ont plus que jamais enfoncé le clou. C'est que le gouvernement a échoué dans le règlement de la crise qui mine la jeunesse algérienne. Mais ce que d'aucuns peuvent remarquer, est que tous les gouvernements qui se sont succédé n'ont pas pu solutionner la problématique de l'émigration clandestine. Dans ce cas de figure, les observateurs ne parlent plus de l'échec du gouvernement, mais de la «défaite» du système algérien. Et quand c'est la politique de tout un système qui démontre son échec, il faut tout refaire. Que la vague emporte un système qui ne sait pas préserver sa jeunesse...