Leur nombre importe peu, en revanche, leur probité constitue un élément déterminant dans le développement du pays et la crédibilité de l'Etat. La réforme de la Justice est-elle sur la bonne voie? Ce n'est pas Tayeb Belaïz, ministre de la Justice et garde des Sceaux, qui dira le contraire. Depuis l'entame, en 2000, de cet épineux dossier, le nombre de magistrats a augmenté de près de 50%. Ils sont aujourd'hui, 3600 magistrats en exercice. Intervenant avant-hier, lors de la réunion du Conseil des ministres, Tayeb Belaïz a indiqué que 600 magistrats sont actuellement en formation. Au regard des données avancées par le premier responsable de la justice en Algérie, on constate que le nombre des magistrats est en deçà des besoins d'une population de plus en plus nombreuse. D'aucuns estiment que la justice représente le baromètre du développement de tout pays. Pour atteindre cet objectif, il faudra mettre en place tous les moyens nécessaires aux magistrats à même de rendre une justice, un tant soit peu, équitable. Et en Algérie, ce sont les moyens qui manquent le plus. Pour ce faire, il est incontournable de penser à revaloriser leur salaire, leur garantir un cadre de vie adéquat et qui, surtout, sied à leur statut de magistrat. D'autant qu'il est chargé d'appliquer la loi dans toute sa vigueur, ce qui détermine toujours le cheminement que prend le pays. Les experts au fait de la chose judiciaire estiment que, en l'absence des moyens nécessaires et d'un cadre de vie acceptable, le magistrat est assujetti à toutes formes de pratiques contraires à la mission à laquelle il est formé. Le principal vice qui le guette et menace est la corruption. Le problème est d'autant plus épineux qu'il n'est pas sans rappeler l'affaire des douze magistrats révoqués en avril dernier. En effet, suite à de graves fautes dont certaines affaires liées à la corruption, le Conseil national des magistrats (CNM) a décidé de radier ces magistrats «faussaires». Outre la nécessité de revoir leur statut, il est aujourd'hui impératif, de garantir l'indépendance des juges. Car les magistrats algériens ne sont plus libres dans leurs jugements. Leurs décisions, relatives à des «affaires délicates», dépendent souvent de certains centres de décision qui exercent des pressions sur le juge afin de prononcer «la sentence» au profit d'une partie ou d'une autre. C'est là en effet des points ardus auxquels le ministère de la Justice, qui chapeaute les réformes, devra se consacrer. Mais, dénouer les fils enchevêtrés de ce genre de dossiers, ne peut se faire sans une réelle volonté politique des pouvoirs publics. Quoique d'aucuns estiment que ce n'est pas la volonté politique qui fait défaut, mais le courage de traiter ces accrocs qui minent le secteur de la Justice. Par ailleurs, dans le cadre des réformes de la justice, des améliorations perceptibles ont été constatées ces dernières années. Ces améliorations se sont répercutées, entre autres, sur les délais de traitement des affaires, ramenés à 3 mois en matière pénale et à 6 mois en matière civile. A noter aussi la quasi-suppression des retards antérieurs dans la notification des décisions de justice ainsi que l'amélioration du taux d'exécution des décisions de justice qui a atteint près de 87% en 2007. A cela, il faut ajouter la préparation active de la réinsertion sociale des détenus. Ce volet passe par la formation générale ou professionnelle dispensée à plus de 80 000 détenus depuis 1999 et sanctionnée notamment par le succès de près de 1300 détenus à des examens dont près de 800 au baccalauréat. Selon le ministre de la Justice et garde des Sceaux, «cet effort s'est accompagné d'une plus grande participation de la société civile à la réinsertion sociale des détenus avec un appui, à travers des programmes de formation, aux associations activant dans ce domaine».