Tout le monde sait que les partis ne mettront le paquet qu'aux tout derniers jours de la campagne. De plus en plus de voix s'élèvent pour dire que le peuple ne s'intéresse pas du tout au scrutin du 30 mai prochain. Ces voix en veulent pour preuve irréfutable l'absence quasi intégrale des partis politiques sur le terrain au niveau de la capitale. Hormis ce fait indéniable qu'Alger n'est pas, et ne sera jamais, l'Algérie, ces voix omettent de relever, volontairement ou pas, pas mal de faits historiques tendant à contrebalancer leur thèse. Tout le monde sait que la capitale, à l'instar de certaines régions du centre du pays, a toujours eu un vote particulier. La particularité de celui-ci concerne le faible taux de participation des Algérois, en comparaison avec le pourcentage national, quel que soit le type d'élections programmé. Ces données se sont vérifiées tout au long des douze années passées, y compris lors de la présidentielle de 99 et le référendum relatif à la concorde civile qui avait eu lieu au mois de septembre de la même année. C'est ce qui explique donc que la capitale soit moins prise par la fièvre électorale que d'autres régions du pays. Mais, ce n'est pas tout. Nous savons que pas moins de 16 partis, ainsi que deux listes indépendantes ont été acceptés au niveau de la capitale. Sur cette pléthore de candidats, et ce n'est un secret pour personne, beaucoup font de la figuration, ou ne sont là que pour être présents au niveau des commissions politiques avec les dividendes pécuniaires qui vont avec. C'est ce qui explique, du reste, que les tableaux d'affichage, élaborés pour la circonstance, soient aussi peu «remplis». Last but not least, il est un autre fait historique que pas mal d'observateurs semblent avoir perdu de vue. C'est que les partis qui comptent récolter le maximum de sièges au niveau de la capitale réservent le meilleur pour la fin. La dernière semaine de la campagne, en effet, verra cette dernière s'emballer puisque les ténors des grandes formations politiques vont se succéder au niveau des grandes salles d'Alger. Les Algérois auront l'occasion de voir de près Benflis, Ouyahia, Djaballah, Adami, Hanoune, Nahnah et peut-être même le groupe des quatre s'il arrive à obtenir une salle de la part des autorités compétentes. Les 32 sièges que va dispenser la capitale, loin d'être négligés par les partis en lice, seront au contraire au centre de toutes les attractions lors de la dernière ligne droite de la campagne électorale. D'ici à là, la plupart des citoyens continueront à observer, qui avec méfiance, qui avec amusement, qui avec indifférence, les affiches électorales qui envahissent peu à peu leur champ de vision habituellement fait d'une fade morosité quotidienne.