Un hommage appuyé a été rendu, jeudi soir, à la célèbre interprète de la chanson algérienne, Seloua, au Théâtre national algérien, Mahieddine-Bachtarzi (TNA). Initiée par l'Association artistique du troisième millénaire, la soirée a été marquée par la présence de plusieurs noms de la chanson algérienne dans ses différents styles, du cinéma algérien (anciens et nouveaux) ainsi que du théâtre, à leur tête, l'inoubliable Nouria. Elle a commencé avec la chanteuse Nadia Benyoucef qui a gratifié le public d'un cocktail de messamî, hawzi et chaâbi.Vêtue d'un karakou, Seloua a été accueillie à son arrivée dans le faste, par le célèbre chanteur Mohamed Lamari qui clamait à haute voix «la grande Seloua est là!» sous les airs de la zorna qui l'a accompagnée jusqu'aux planches du TNA sous des tonnerres d'applaudissements et de youyous qui emplissaient la salle. L'interprète de hawzi, Nacereddine Chaouli a, à son tour, fait vibrer la salle par des morceaux assez rythmés tirés du patrimoine andalou. Il sera suivi de Mohamed Lamari qui a ramené le public aux années 70, en interprétant les éternelles chansons Djazaïria (Algérienne) et Rana H'na ainsi que Mansitchi, un duo déjà interprété dans le passé Prenant la parole, émue, Seloua a tenu à remercier chaleureusement son public qui, a-t-elle dit, l'a aimée, encouragée et suivie durant tout son parcours artistique, en espérant davantage l'organisation de ce genre de rencontres qui se distinguent par «l'amour, la paix et la fraternité.» En marge de l'hommage qui lui a été rendu, Seloua, connue pour son franc parler, a déploré, par ailleurs, la situation actuelle de la chanson et de la musique algériennes, notamment, en matière de voix et de paroles. «Franchement, la chanson actuelle ne me plaît pas du tout pour diverses raisons», rappelant toutefois l'existence d'une certaine relève et quelques voix prometteuses. La chanteuse Seloua a lié les raisons de son mécontentement aux voix et paroles et même aux arrangements artistiques, qui, selon elle, nécessitent une «meilleure maîtrise et orientation». «Je ne suis pas tellement optimiste pour la chanson algérienne, mis à part pour certaines voix, mais qu'il faut bien guider et diriger car elles sont livrées à elles-mêmes. La nouvelle génération de chanteurs est composée de jeunes désemparés qui n'ont personne pour les guider, les orienter et les conseiller». Interrogée sur la solution qu'elle propose pour assurer une bonne relève de la chanson algérienne, Seloua a appelé les jeunes talents à «oeuvrer sérieusement en cherchant de belles paroles et musiques» s'ils veulent «avancer et réussir» dans le monde de la chanson. Aussi, elle les exhorte à donner ce qu'ils ressentent au fond d'eux-mêmes, tout en restant sages et modestes.