C'est parti! L'on retrouve ses marques, ses habitudes. Bonnes et moins bonnes. Les bonnes sont celles qui vous placent au même endroit dans les salles obscures, les moins bonnes, c'est, par exemple, de se surprendre à râler en découvrant que le quatuor infernal de critiques moyen-orientaux est toujours derrière vous. Qu'il ne cessera pas de «bruiter» pendant les cinq premières minutes et puis, d'un seul élan se lèvera au bout de la première heure, sauf quand il s'agit d'un film américain... Certes quand le film tient en haleine, ce rituel est normalement «absorbé», ce qui n'a pas été tout à fait le cas avec Hollywood Ending de Woody Allen... Un tantinet laborieux, déclenchant même des rires forcés de la part de certains, qui craignaient sans doute de passer à côté, en ne se sentant pas de connivence avec un cinéaste qui n'en peut plus de tirer sur une corde presque usée, celle de l'artiste hypocondriaque. On a beau y aller avec un certain entrain à cette première projection du Festival, pas moyen d'accrocher à cette histoire de cinéaste, Wal Waxman (Woody himself), certes oscarisé par deux fois dans les années 80, mais qui, depuis, n'a pas cessé de slalomer sur la piste savonneuse du déclin jusqu'au jour où son ex-femme lui offre une chance inespérée de revenir à la surface en faisant du lobbying auprès de son fiancé, un producteur de la côte Ouest. Cela ne se fera pas sans mal, car Val ne s'épargnera pas l'ascenseur freudien pour «monter», ce qui le mettra, à un moment donné, face à son passé, au point d'en perdre la vue, au sens propre du terme. Du coup la gageure, ce n'est plus de faire un bon film, mais de mettre en boîte des images en ayant perdu la vue, suite à une cécité psychosomatique! A ce stade on devrait se dire que Woody Allen a fixé le bon gisement. D'autant que l'objet du «conflit» est une histoire ancienne avec un fils que lui, père, a dans le passé rejeté, le refusant tel qu'il était et tel qu'il voulait vivre... Malheureusement tout cela est noyé jusqu'à plus soif dans une mare «alleniene» où il faut vraiment rester vigilant à ne pas trop s'éloigner du bord au risque de se noyer dans le tourbillon qu'affectionne de plus en plus le cinéaste new-yorkais et qui se résume à une succession de gags et de jeux de mots et même de situations enfilées comme des pièces de cette viande séchée tant prisée dans les Aurès, entre autres... Mais Woody Allen a le mérite d'être présent à Cannes, malgré l'appel lancé par une organisation juive américaine de boycotter le Festival. Il est vrai que Georges Bush leur a donné le signal en «s'inquiétant de la montée de l'antisémitisme en France» ! Certes Claude Lelouch et même Claude Lanzmann (cinéaste lui aussi mais surtout ancien officier de Tsahal) ont répondu dans un quotidien du soir français, mardi dernier, pour dénoncer ce climat d'intox généralisé. Toujours est-il que les Américains ont été nombreux à annuler leur venue, pourtant annoncée, sur la Croisette. Et ce ne sont pas les mesures de sécurité de Vigipirate, jamais vues auparavant, en tout cas pas de la sorte, qui vont mettre un bémol à cette psychose... Même du temps de la fameuse menace, prétendument, libyenne qui a fait se décommander Stallone, on n'avait pas déployé tant de précautions... Il faut dire aussi que selon la formule consacrée par les nouveaux ministres français chargés de la sécurité, la mode en France va être au ... bleu! Mais ne boudons pas notre plaisir, de beaux films sont annoncés pour le week-end et de belles fêtes sont déjà calées dans les plannings et, c'est aussi et surtout cela le Festival de Cannes.