Le marché se distingue par la disponibilité et l'abondance des produits de première nécessité, d'une part et par la hausse injustifiée des prix, d'autre part. Chaque commerçant, avec ou sans registre de commerce, essaie, pour se «justifier», de rejeter la balle à d'autres parties. Tous ces opérateurs se seraient donné le mot pour relever la barre des produits qui, pourtant, ne «payaient pas de mine» il y a quelques jours, alors que la région vivait au rythme d'une saison estivale exceptionnelle, de par le nombre d'estivants qui ont foulé le sable des plages. Région productrice de plusieurs variétés de légumes, d'ailleurs exportés en direction de différentes contrées européennes, et véritable réservoir alimentant plusieurs régions de l'est et du centre du pays, Jijel voit malheureusement ses produits s'écouler sous ses yeux à des prix dépassant l'entendement. L'inexistence jusque-là d'un marché de gros à même d'organiser et de réguler le circuit de distribution est, sans doute, à l'origine du dysfonctionnement de ce secteur, notent certains observateurs. Tout récemment, une décision a été prise à l'échelle locale pour créer des marchés de détail et de proximité à l'effet de réorganiser cette fonction, presque livrée à elle-même et qui se débat dans l'anarchie depuis bien longtemps. D'importantes superficies agricoles de la région sont couvertes de serres. A El Kennar, El Mzaïer et ailleurs, la plasticulture a fait des percées «miraculeuses» au cours de ces dernières années, situant la wilaya de Jijel au 3e rang national, après Biskra et Tipaza. La cherté du produit agricole incombe à certains intrants qui sont payés à des prix élevés, rétorquent des producteurs et autres intermédiaires. Dans tous les cas de figure, le consommateur reste le «dindon de la farce», quelle que soit la saison. Jijel est l'une des villes les plus chères d'Algérie et peut même faire concurrence avec les grandes métropoles étrangères qui se distinguent par la cherté du niveau de vie, a confié, non sans une pointe d'humour, un observateur averti. A Jijel, les premiers jours du mois de Ramadhan ont été observés sous une chaleur à faire fondre le plomb. Le mercure et la mercuriale n'ont pas été du goût des jeûneurs qui ne savaient pas à quel saint se vouer. Les plages, si elles ont séduit des milliers d'estivants, n'ont pas pour autant été abandonnées par des accros de la grande bleue, histoire de «tuer une journée» d'un Ramadhan caniculaire. Dans cette cité du littoral, les magasins ouvrent tardivement leurs portes. A 9 heures, les rideaux sont encore baissés et seules quelques échoppes échappent à ce constat. Les gens veillent jusqu'à une heure avancée de la nuit pour se retrouver le lendemain «groggy» avec une mine renfrognée et un visage émacié par une nuit sans sommeil. La vie reprend son cours normal et progressif aux environs de midi où le marché central focalise l'attention des citoyens qui présentent des «yeux plus gros que le ventre». Pour ce mois de pénitence, et compte tenu des mesures prises pour organiser cette activité, les vendeurs de pâtisseries orientales (zlabia, kalb ellouz) se font rares. Les jeunes revendeurs de ces produits se sont pourtant «glissés» dans quelques quartiers pour écouler leur marchandise dans des conditions d'hygiène assez douteuses. Les petits commerçants de fortune ont également fait leur apparition pour vendre toutes sortes d'herbes et de condiments nécessaires à la cocotte.