Durant plus de quatre décennies, il n'a pas cessé de prospecter l'histoire contemporaine de l'Algérie, l'abordant sous trois angles d'attaque définissant chacun un genre. Charles-Robert Ageron, spécialiste de l'histoire de l'Algérie et de la période coloniale, est décédé mercredi matin à l'âge de 85 ans des suites d'une longue maladie invalidante et douloureuse. L'historien était pris en charge à l'hôpital Kremlin-Bicêtre, dans la banlieue parisienne. Ce véritable historien est celui qui s'est rapporté à son engagement, à l'affirmation et à la défense des principes universels de justice, de liberté en faveur du progrès et de la dignité. Il est né en 1923 à Lyon, Charles-Robert Ageron a fait des études d'histoire. Jeune agrégé, il est nommé en 1947 au lycée Théophile-Gautier à Alger. En 1957, il est professeur au lycée Lakanal de Sceaux, puis de 1959 à 1961, il est attaché de recherches au Cnrs. En 1961, il a un poste d'assistant puis de maître-assistant à la Sorbonne, il y enseigne jusqu'en 1969. En 1968, il soutient sa thèse d'Etat, sous la direction de Charle-André Julien, un autre spécialiste de l'histoire de l'Algérie, intitulée Les Algériens musulmans et la France 1871-1919. Maître de conférences, puis professeur à l'université de Tours de 1969 à 1981, puis à l'université Paris XII dont il est professeur émérite, Charles-Robert Ageron s'est retiré, ces dernières années, du fait de sa maladie, de la vie intellectuelle et universitaire française. Durant plus de quatre décennies, il n'a pas cessé de prospecter l'histoire contemporaine de l'Algérie, l'abordant sous trois angles d'attaque définissant chacun un genre: celui de la thèse où on se devait d'élaborer une somme monumentale, celui de l'ouvrage de synthèse, où on se propose de lire une époque et celui de l'article, où on pointe la focale sur un problème en suspens, soit pour compléter. Parmi ses oeuvres majeures figurent Les Algériens musulmans et la France, Le gouvernement du général Berthezène à Alger (1831), Histoire de l'Algérie contemporaine (1830-1988), Gambetta et la reprise de l'expansion coloniale, Politiques coloniales au Maghreb, L'anticolonialisme en France de 1871 à 1914, France coloniale ou parti colonial?, Histoire de l'Algérie contemporaine (1871-1954), L'Algérie algérienne de Napoléon III à de Gaulle. En effet, ses travaux resteront à jamais pour témoigner de son dévouement et de son sacrifice pour cette cause juste. Charles-Robert Ageron est de ceux qui ont fait de leur vie une tribune de combat sincère et droit. Les Algériens se souviendront inévitablement de lui, cet intellectuel humaniste, qui a marqué par sa sincérité et son engagement indéfectible tout un combat. Il a inscrit son nom en lettres d'or dans les annales de la lutte pour la liberté des peuples.