Un bon nombre d'agents économiques ont transformé la libéralisation des activités économiques et commerciales en véritable situation de non-droit. 30.000 sociétés commerciales travaillent au noir en Algérie. Le chiffre n'est pas communiqué par une ONG mais officiellement révélé par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, au président de la République, lundi lors de l'audience consacrée au secteur. «Les contrôles des services autorisés ont révélé l'absence de localisation de près de 30.000 sociétés commerciales et entraîné des procédures judiciaires de retrait de registre du commerce et poursuites contre plus de 20.000 parmi elles», lit-on dans le communiqué répercuté, par l'APS, sanctionnant cette rencontre. Le ministre positive la chose et met en exergue, en termes à peine voilés, l'exploit de ses services dans la lutte contre la fraude, mais oublie d'expliquer l'essentiel: comment ces 30.000 sociétés ont-elles pu exercer jusqu'ici leurs activités en toute quiétude? Au président de la République, El Hachemi Djaâboub s'est contenté de souligner que «l'activité de contrôle et de répression des diverses fraudes commerciales, s'est également étendue au commerce informel et aux pratiques commerciales frauduleuses à l'importation. Elle se consolide également à travers le contrôle des sociétés et établissements soumis à l'obligation de publicité légale de leurs comptes sociaux». Le Président Bouteflika ne s'est pas laissé amadouer. Le chef de l'Etat a fait savoir que le bilan révèle qu'un bon nombre d'agents économiques tentent de transformer la libéralisation des activités économiques et commerciales en véritable situation de non-droit, et en abusent honteusement par la fraude dans les affaires et le commerce. Il imputera cela, en partie, à la situation sécuritaire: «Le bilan présenté par le département du Commerce met en évidence les dysfonctionnements en matière de non-respect des lois et des droits d'autrui, ce qui est aussi un des legs de la douloureuse tragédie subie par l'Algérie durant laquelle, l'Etat mobilisait ses capacités pour la protection des citoyens contre les affres du terrorisme», a-t-il souligné. L'encadrement des activités économiques doit être une préoccupation nationale et sa promotion doit cesser d'être guidée par les nécessités découlant de considérations subjectives, ajoutera le chef de l'Etat. Sur le même chapitre, Abdelaziz Bouteflika a ordonné au gouvernement de mobiliser les ressources nécessaires pour le développement et la modernisation des moyens de contrôle commercial en matière de qualité, de normes et de protection de la santé des consommateurs. L'autre analyse tirée de ce bilan par le Président Bouteflika a trait à la nécessité pour l'Etat d'ériger le contrôle et la régulation du champ économique, y compris le commerce, en véritable priorité nationale. Lors de cette audience, le chef de l'Etat est revenu sur le secteur de l'agriculture. Pour lui, «la régulation du marché des produits agricoles, et à l'avenir, des viandes, doit être assumée par les pouvoirs publics». L'Etat, rappelle-t-il, engage annuellement près d'un (1) milliard de dollars en soutien à l'agriculture, pour développer la production, améliorer les conditions de vie des fellahs, mais aussi dans le but d'avoir des résultats sur le coût de la vie, au profit de toute la population. C'est pourquoi, il ordonne au gouvernement d'inscrire la régulation de la distribution des produits agricoles de base parmi les objectifs majeurs du soutien public à l'agriculture, concluant que cette bataille est celle de tous, «au profit de tous les citoyens». Dans un autre chapitre, le ministre du Commerce est revenu longuement sur le soutien de l'Etat au bénéfice du citoyen: «Celui-ci s'est sensiblement accru l'année dernière et cette année, du fait de la flambée des prix de certaines denrées sur le marché international. Il en est ainsi pour la matière importée en vue de la production de lait, soutenue à près de 150% de son prix sur le marché mondial.» C'est également le cas du blé tendre livré à 2280 DA le quintal alors que son prix a atteint 3000 DA sur le marché mondial, ce qui a permis le maintien du prix de la farine fournie aux boulangers à 2000 DA le quintal. En outre, le soutien de l'Etat, affirme le ministre, a été étendu, dès le 1er janvier 2008, au blé dur livré à 2280 DA aux minoteries alors que son prix international est plus de deux fois plus élevé.