Bush devait annoncer, hier, une prochaine baisse du nombre de ses soldats. Mais celle-ci reste minime (8000 hommes sur 144.000). Si les récents succès des forces irakiennes de sécurité ont renforcé l'assise du gouvernement de Bagdad, leur capacité à assurer la sécurité du pays reste incertaine, y compris aux yeux des Etats-Unis qui n'envisagent toujours pas de retrait massif de leurs troupes. Conforté par l'amélioration récente de la sécurité en Irak, le président américain George W.Bush devait annoncer, hier, une prochaine baisse du nombre de ses soldats. Mais celle-ci reste minime (8000 hommes sur 144.000), signe de la prudence de la Maison-Blanche face à une stabilisation jugée encore fragile. Cette décision intervient au moment où Baghdad et Washington finalisent un accord de sécurité controversé qui doit régir les attributions des troupes américaines en Irak après le 31 décembre 2008, date d'expiration du mandat de la force multinationale (à plus de 95% américaine) fixée par l'ONU. Côté irakien, le Premier ministre Nouri al-Maliki a récemment affiché sa fermeté en réclamant un calendrier de retrait complet des troupes américaines. Selon des négociateurs irakiens, les deux parties se seraient mises d'accord sur un retrait américain de l'ensemble du pays d'ici 2011. La confiance de M.Maliki s'explique notamment, par les succès militaires enregistrés cette année par ses troupes, qui ont ramené la violence à son plus bas niveau depuis quatre ans. «Il y a encore huit mois, nous préconisions un démantèlement de la police nationale» pour cause de corruption et d'inefficacité, reconnaît le général américain Frank Helmick, chargé de la formation des forces irakiennes. «Mais le changement a été remarquable. Ils constituent maintenant une force agressive», admet-il. Dopés par les succès du printemps à Bassorah et Baghdad, où les forces irakiennes ont défait l'Armée du Mahdi, la puissante milice du leader chiite radical Moqtada Sadr, les ministères irakiens de l'Intérieur et de la Défense se renforcent. Le premier dispose officiellement de 560.000 policiers, assez, selon lui, pour écarter la principale menace intérieure, les attentats d'Al Qaîda. Le ministère de la Défense, qui compte aujourd'hui 260.000 soldats, vise in fine une armée de 300.000 hommes pourvus d'équipements modernes, de fusils d'assaut M16 aux chasseurs F-16, qu'il négocie actuellement avec l'étranger. «Nous voulons atteindre nos objectifs en 2009», indique son porte-parole, le général Mohammed al-Askari, en promettant «d'ici 2020» une armée irakienne «comparable à celle de nos voisins». Les Américains soulignent de leur côté qu'en dépit des succès, les Irakiens sont encore loin de pouvoir garantir eux-mêmes leur sécurité. Cela dépendra «des conditions sur le terrain», élude le porte-parole de l'armée américaine, l'amiral Patrick Driscoll. L'armée américaine a déjà transféré aux forces irakiennes le contrôle de 11 des 18 provinces du pays, où les forces américaines sont désormais officiellement cantonnées à un rôle de supervision et de secours. Dans plusieurs de ces provinces relativement pacifiées, les forces irakiennes ont été efficacement soutenues par le ralliement des quelque 100.000 «Sahwas», ces ex-rebelles sunnites payées par les Américains pour combattre Al Qaîda. Mais dans les sept provinces encore sous contrôle américain, notamment à Diyala (centre) ou Ninive (nord), deux bastions d'Al Qaîda, la capacité des forces irakiennes à maintenir la sécurité reste incertaine. «Nous avons à la fois une mission de formation et une mission anti-insurrection. On construit l'avion tout en le faisant voler, ce qui est difficile», résume l'amiral Driscoll. Les dirigeants irakiens sont eux, plus optimistes, à l'image du général Askari, qui estime les Irakiens capables de «protéger l'unité de leur pays». Plus réaliste, le général Ali Gedan, commandant en chef de l'armée de terre irakienne, estime que ses troupes seront «prêtes en 2011».