À moins d'une semaine des élections générales en Irak, le Pentagone, par la voix d'un général américain à la retraite, propose de faire évoluer le rôle des troupes américaines des missions de combat vers des missions de formation des soldats irakiens. Cette nouvelle stratégie, présentée par un porte-parole du ministère de la Défense à l'issue d'une mission d'évaluation du général en Irak, a déjà commencé à être mise en œuvre, des équipes de conseillers et d'instructeurs militaires ayant été dépêchées dans le pays. À terme, plusieurs milliers de soldats seraient appelés à se consacrer au renforcement de la formation des forces irakiennes et à la restauration de la confiance au sein de ces troupes. À l'issue de sa mission, le général à la retraite Gary Luck a conclu qu'“au sein de la direction du commandement en Irak, l'optimisme prévaut sur l'évolution des bonnes relations entre les forces de sécurité irakiennes et américaines”, a déclaré le porte-parole adjoint du Pentagone, Larry DiRita. “Chacun s'attend à ce que les forces de sécurité irakiennes continuent à prendre de plus en plus de responsabilités dans les opérations de combat, et parallèlement, l'engagement des forces américaines diminuera. Et vous devriez les voir plus impliquées” dans les fonctions de conseil et de formation, a-t-il ajouté. “Si (les forces irakiennes) n'ont pas la capacité suffisante pour un soutien aérien, les forces américaines pourront s'en charger.” Même chose dans les domaines de la communication et du renseignement. Le New York Times avait indiqué dimanche que le nombre d'instructeurs américains pourrait doubler ou même tripler pour passer à 8 000 ou 10 000. Ce changement de priorité permettrait également de libérer des soldats américains pour renforcer la sécurité le long des frontières irakiennes, selon le quotidien. Les contours de cette stratégie se dessinent alors que l'Administration Bush est sous pression en Irak et aux Etats-Unis pour trouver le moyen de faire sortir les quelque 150 000 GI's déployés sur place. Selon de récentes informations des agences américaines de renseignement citées par le New York Times, le gouvernement irakien qui sera issu du scrutin de dimanche va rapidement appeler à la publication d'un calendrier de retrait des forces américaines. D'autre part, l'opinion publique aux Etats-Unis semble de moins en moins encline à soutenir la poursuite de l'intervention, où près de 1 400 militaires américains sont morts depuis mars 2003. Depuis le refus des militaires irakiens de prendre les armes en avril face aux insurgés dans le triangle sunnite, les Américains ont intensifié leurs opérations de formation et affirment que quelque 127 000 hommes ont été entraînés pour accéder à un niveau considéré comme supérieur à celui qui prévalait avant le lancement de l'insurrection. Mais une vive polémique à ce sujet est en cours aux Etats-Unis entre l'Administration Bush et certains sénateurs démocrates sur l'importance réelle des forces irakiennes formées. Un sénateur démocrate a affirmé la semaine dernière lors de l'audition de la future secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, que pas plus de 4 000 d'entre eux ont été suffisamment entraînés. En tout état de cause, le bilan sur le terrain reste mitigé. Plusieurs unités irakiennes se sont bien comportées lors de l'offensive de Falloujah, à l'ouest de Bagdad, en novembre, mais d'autres ont été peu performantes, notamment à Mossoul (nord), relèvent plusieurs commandants.