Il importe donc, de toute urgence, de sortir du besoin du compromis, désormais privé d'interlocuteur, et de mettre en oeuvre ce qui est de droit. Comme à l'accoutumée, à la veille du mois sacré, les pouvoirs publics se considèrent obligés de préparer des programmes spécifiques pour l'occasion, avec une palette d'activités aussi riche que variée. Mais la réalité n'est pas à la hauteur de l'événement. Car la programmation est loin des préoccupations du citoyen et elle ne fait vraiment pas la part des choses. Par exemple au niveau de la wilaya d'Alger. A chaque Ramadhan, on assiste à des spectacles que les quelques rares institutions culturelles et artistiques organisent, tel que Arts et Culture, l'Office national de la culture et de l'information, le Théâtre national algérien et le Palais de la culture, qui ne profitent qu'aux résidents de la périphérie. C'est seulement au niveau du chef-lieu de la ville (centre d'Alger). Autrement dit, ce mouvement culturel occasionnel prouve une fois encore que les pouvoirs publics, ne se soucient pas de la population résidant au-delà de l'épicentre. Y a-t-il une animation spéciale pour le Ramadhan dans la périphérie d'Alger? Après la délivrance de el Adhan d'el maghreb, et durant notre petite virée du côté de Bab El Oued, Bologhine, Raïs Hamidou et Baïnem, on a constaté une ambiance et un environnement assez particuliers. Ces «Algérois», en mal de loisir, patientent dans la morosité de ce vide culturel; ils n'ont pas de choix et, pourtant, ils sont concernés à plus d'un titre. A quelques minutes du centre d'Alger, l'atmosphère et le climat qui règnent ne sont vraiment pas les mêmes. On se sent dans une bourgade. Pour les uns, le programme est déjà tracé, une virée à la mosquée pour assister aux séances de Tarawih, mais pour les autres, ils n'ont qu'à se mettre devant le petit écran, obligés de suivre le pseudo-programme imposé par l'Unique à l'occasion du mois sacré ou zapper sur les programmes que leur proposent les chaînes étrangères. Pour briser la routine, le front de mer, qui suscitait de la crainte le matin, accueille, à la tombée de la nuit, des familles et tous ceux qui veulent se ressourcer après une journée de labeur. Le site devient le soir comme un lieu de pèlerinage. Des groupes d'amis et de familles s'y retrouvent et se promènent, faisant profiter leurs enfants de divertissements au niveau du petit parc d'attractions de Bab El Oued. D'autres prennent d'assaut les terrasses des crémeries, surtout ces derniers jours de chaleur. En s'éloignant vers Raïs Hamidou et puis Baïnem, l'ambiance devient de plus en plus morose. Par manque d'initiatives sur le plan culturel et artistique, les jeunes préfèrent passer leurs soirées dans les cafés à siroter une boisson et s'adonner à quelques parties de dominos et jeux de cartes dans les rares cafés qui s'y prêtent, car la plupart de ces lieux sont à caractère uniquement commercial. Avec les moyens du bord, ils colmatent les brèches, mais cela se révèle insuffisant. Mais sans trop veiller, la ville commence à se vider à partir de 22 heures. Le malaise culturel sévit dans les petites localités avoisinantes d'Alger-Centre. Il s'agit de s'élever contre ces dérives, il s'agit surtout aujourd'hui de construire et de promouvoir. Quel dilemme! Ces situations obligent à dire que les autorités concernées n'ont pas été fidèles aux missions qu'on leur avait attribuées. Une réelle maîtrise des situations qu'elles affrontent sans résultat tangible impose de mettre en oeuvre ce qui est de droit en créant les conditions pour le rendre effectif. Pour cela, il faudrait que les autorités locales concernées (APC) prennent des initiatives louables qui pourraient créer un cadre et une dynamique appropriés.