La région est plongée dans une profonde léthargie culturelle, espace déserté par les institutions. A chaque Ramadhan, on assiste à des spectacles qui ne profitent qu'aux citadins. Ce mouvement culturel occasionnel prouve une fois encore que les pouvoirs publics, comme à l'accoutumée à la veille de cet événement, se croient obligés d'adresser des programmes spécifiques, prouvant encore une fois cette culture de façade. La culture dans la wilaya de Tizi Ouzou, c'est seulement au niveau du chef-lieu de la ville des Genêts. Le marasme culturel sévit sur les hauteurs. Voici un exemple vivant: la région d'Igawawen se trouve depuis longtemps plongée dans une profonde léthargie culturelle en raison de plusieurs facteurs se rapportant aux espaces désertés par les institutions. Les régions d'Ath Yanni, Ath Boudrar, Akbil Yatafen, Ouacifs...se trouvent actuellement face à un problème épineux qui mérite d'être sérieusement pris en charge par les responsables du secteur. Le citoyen, en mal de loisir, se morfond dans la morosité de ce vide culturel; il a un seul choix: se mettre devant son poste téléviseur, obligé de suivre les programmes que lui proposent les chaînes étrangères et un pseudo- programme imposé par l'Unique à l'occasion du mois sacré. Pour briser la routine, les jeunes s'adonnent à quelques parties de dominos, loto et jeux de cartes dans les rares cafés existant dans ces localités, faute d'absence d'activités et d'animation culturelle. Avec les moyens du bord, ils colmatent les brèches, mais cela se révèle insuffisant. La région d'Igawawen a toujours été un vivier de la culture algérienne avec toutes ses diversités. Cette région des hauteurs de Djurdjura a enfanté des hommes de culture de renom, lesquels sont des icônes de la culture algérienne en général et kabyle en particulier: Mouloud Mammeri, Chabane Ouahioune, Idir, Aït Menguellet, Kamel Hamadi, Mouhia, Athmani... pour ne citer que ceux-là. Elle est moribonde au moment où d'autres régions de la wilaya de Tizi Ouzou commencent à connaître un regain de dynamisme sur le plan de l'animation culturelle. «Il faut avoir le courage de regarder ces réalités en face sans pour autant céder au pessimisme. Les progrès accomplis par beaucoup d'associations indépendantes du domaine, telles les Association Amar Ath Hamouda, Association Amara Rachid, M'barek Ath Menguellet et autres (rares, celles qui activent encore) sont irréversibles. Ils apportent la preuve que ces villageois, quand ils ont pris conscience des enjeux, sont capables d'accepter des réformes en dépit du redoutable pouvoir d'obstruction de ceux qui s'acharnent encore à les combattre», a déclaré le groupe de jeunes qu'on a rencontré dans l'un des rares cafés. Seules des réformes de fond dans les structures, les habitudes et les comportements permettront d'appliquer pleinement les principes, les méthodes et les outils à même de faire sortir cette région du marasme culturel. Il y a lieu d'être optimiste quand on mesure les effets positifs de l'intelligence de cette jeunesse qu'on veut ignorer. Conscients des réalités de la compétition et des exigences de la culture, ceux qui la pratiquent doivent améliorer leur stratégie et leur gestion. «Qu'ils cessent de nous interpeller à chaque élection: on n'est pas les outils de leur campagne. Qu'ils nous prouvent leur bonne foi, et la suite sera facile», a encore répliqué le groupe de jeunes. On constate l'évolution progressive des mentalités, l'abandon des préjugés archaïques et de beaucoup d'idées reçues d'un autre âge. Ces situations obligent à dire que les autorités n'ont pas de réelle prise sur des situations qu'elles sont contraintes de subir faute de pouvoir y mettre un terme, ou à tout le moins les endiguer dans de larges proportions. Il est temps de réagir.