Il faut «éviter un excès de dirigisme et un retour aux anciennes pratiques en vigueur du temps de l'économie dirigée», déclarent les chefs d'entreprise. L'Algérie veut-elle renouer avec le «patriotisme économique»? On est forcé de le croire à la lumière des dernières déclarations du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. «Le gouvernement accorde une grande importance aux entrepreneurs nationaux et fonde sur eux ses espoirs pour la construction d'une économie solide et diversifiée», a admis jeudi le chef de l'Exécutif, à l'issue de l'audience accordée à une délégation de représentants du Forum des chefs d'entreprise (FCE), conduite par Rédha Hamiani. Dans un communiqué transmis par les services de la chefferie du gouvernement, répercuté par l'APS, M.Ouyahia a rappelé le rôle des «entrepreneurs» algériens dans «la construction d'une économie solide et diversifiée dans le cadre de la libéralisation de l'initiative et de l'ouverture sur l'économie mondiale que notre pays a choisie». Il faut rappeler, dans cette optique, les dernières mesures entreprises par le gouvernement à l'égard des investisseurs algériens, et contenues dans la loi de finances complémentaire (LFC) 2008. Lesquelles mesures prévoient la réduction de la pression fiscale et la simplification des procédures en faveur des opérateurs économiques. En ce sens, il a été décidé de réaménager les modes et niveaux d'imposition en matière d'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS). Ainsi, le taux de l'IBS est fixé à 19%, pour les activités de production de biens, le bâtiment et les travaux publics ainsi que les activités touristiques. La taxe est fixée à 25% pour les activités de commerce et de services ainsi que pour les activités mixtes lorsque le niveau du chiffre d'affaires réalisé au titre du commerce et des services est de plus de 50% du chiffre d'affaires hors taxes. «Les activités de production, précise la direction générale des finances, sont celles qui consistent en l'extraction, la fabrication, le façonnage ou la transformation de produits à l'exclusion des activités de conditionnement ou de présentation commerciale en vue de la revente.» Par ailleurs, les dispositions de la LFC 2008 ont supprimé le taux réduit applicable aux bénéfices réinvestis. En outre, dans le cadre des actions engagées en vue de dynamiser l'investissement local, les dispositions de cette loi ont introduit l'obligation pour les entreprises qui bénéficient d'exonérations ou de réductions de l'IBS dans le cadre des dispositifs de soutien à l'investissement, de réinvestir la part des bénéfices correspondant à ces exonérations ou réductions dans un délai de 4 ans à partir de la date de clôture de l'exercice dont les résultats ont été soumis au régime préférentiel. Mais que pensent les opérateurs économiques algériens quant à ces nouvelles mesures prises par le gouvernement en vue de booster l'économie algérienne? Les entrepreneurs algériens sont catégoriques: «Il faut éviter un excès de dirigisme et un retour aux anciennes pratiques qui étaient en vigueur du temps de l'économie dirigée», selon Rédha Hamaini, président du FCE. Dans un entretien accordé, au début du mois en cours au site du quotidien électronique Toutsurlalgerie.com, M.Hamiani a indiqué: «Nous sommes dans l'attente de connaître, dans le détail, des modifications apportées aux lois sur l'investissement et l'accès au foncier. On veut savoir si ces mesures concernent tous les secteurs d'activité, ou seulement quelques-uns. Dans l'avenir, nous souhaitons être consultés avant les prises de décision pour que les patrons puissent donner leur avis.» Le président du FCE tient ainsi à noter le manque de communication dont font preuve les institutions de l'Etat chargées du dossier des investissements. Une procédure à reconsidérer si l'on veut réellement faire aboutir la nouvelle politique économique entreprise par le gouvernement.