Même si le processus va jusqu'à son terme, le FFS demeure convaincu qu'il survivra à cinq longues années d'absence de la Chambre basse du Parlement algérien. Le premier secrétaire du FFS était l'invité de notre rédaction. A tout seigneur, tout honneur, comme il est de coutume, le sujet des législatives s'est taillé la part du lion du débat à bâtons rompus entre le numéro deux du FFS et les journalistes de L'Expression. A ce sujet, du reste, notre invité commencera le propos en disant que L'Expression est un cadre d'expression comme un autre. Il enchaînera juste après pour affirmer que son parti, qui appelle au rejet des élections, ne «se sent pas du tout concerné par les accusations de Zerhouni, quant aux formations politiques favorables au boycott qui auraient tenté de négocier des quotas.» Il n'en ajoutera pas moins que «cette révélation venue d'un très haut niveau de la hiérarchie étatique, aurait dû aller jusqu'au bout en citant les noms des partis concernés». Une occasion pour Djeddaï de présumer que cette semi-révélation «suppose, en filigrane, que la politique des quotas sera encore une fois appliquée au scrutin du 30 mai prochain». «Il faut croire, du reste, que le FFS est en quelque sorte dans le secret des dieux puisqu'il a dédaigné la première invitation du Président de la République, quand la date des élections n'était même pas connue, afin, souligne Djeddaï, de ne tomber dans aucun contact alibi». Aux yeux de Djeddaï, qui était avec Hocine Aït Ahmed la veille même de notre rencontre, «les législatives du 30 mai prochain sont une fausse solution pour de vrais problèmes». Mais il est vrai, par ailleurs, que le FFS tenait le même langage en 1997 et qu'il n'en a pas moins accepté de se livrer aux joutes électorales pour, disait-il, se servir de la tribune parlementaire pour défendre ses causes, et donc, celles du peuple. A cette question, Ahmed Djeddaï rétorquera que «les choses sont allées trop loin (et qu'il est temps) de mettre un terme aux fausses solutions aux vrais problèmes». Le pouvoir, qualifié d'«autiste», tenterait de diluer ses responsabilités dans celle des partis. Le FFS, plus insurgé que jamais, rejette foncièrement le scrutin du 30 mai prochain en le qualifiant de «fausses solutions à de vrais problèmes». Et de rappeler les 12 années de «guerre civile», les «200.000 morts» et «la très grave crise socio-économique» que l'Algérie subit. Ahmed Djeddaï, ce disant, plaidera pour «un véritable plan Orsec visant à sauver la démocratie et le suffrage universel.» Il rejettera, sur sa lancée, les raisons qui lui font rejeter le scrutin à la crise qui secoue la Kabylie en soulignant, non sans malice, que «cette région s'est soulevée pour tout le pays (et que) le taux de participation en Kabylie déterminera le degré de militarisation de la région puisque les citoyens n'iront pas aux urnes». Au sujet des plaintes que compterait déposer le wali de Tizi Ouzou contre les élus qui mettent des bâtons dans les roues à ces élections, Ahmed Djeddaï s'est senti concerné même si ses élus n'ont jamais, contrairement à d'autres, usé de la force pour interdire le bon déroulement de cette démarche. «Quoi qu'il en soit, les élus du FFS se sont démarqués publiquement de ce scrutin.» Cette démarche qui, à en croire Ahmed Djeddaï, «n'enchante guère les citoyens qui se détournent de ce processus qu'ils considèrent incapable de résoudre leurs problèmes de l'heure». Ahmed Djeddaï, s'exprimant au nom de son parti, ne cessera pas de reprendre ses lignes phares en revendiquant une assemblée constituante (un projet aussi ancien que l'indépendance nationale). Balayant d'un revers de la main les détails techniques liés aux interdictions dont sont victimes le FFS et le groupe des quatre, Djeddaï soulignera que «la démocratie, autant que le bon sens, voudrait que chaque parti puisse s'exprimer librement en direct avec les citoyens algériens». Pour ce qui est du groupe des quatre, enfin, Djeddaï dira que «seuls ces leaders ont pu s'entendre sur une plate-forme commune constituant le fameux plan Orsec de sauvetage de l'Algérie».