De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali La cohésion de façade qui a caractérisé l'Assemblée populaire communale d'Oran le temps d'une élection présidentielle vient de voler en éclats et, deux années après l'avènement de Sadek Benkada à sa tête, la ville se cherche un autre maire. La cause : une motion de retrait de confiance que les signataires -27 élus sur les 33 qui composent l'APC- justifient par la situation de «blocage qui y prévaut, la mauvaise répartition des tâches entre élus et la dégradation de la situation au sein de la commune.» Arguments que certains observateurs réfutent avec le sourire : «Sadek Benkada n'a jamais fait l'unanimité auprès des élus et n'a pas non plus été considéré comme faisant partie de la famille FLN. Les raisons du blocage, de dégradation de la situation de la commune et de prétendu constat humiliant de Ouyahia sur la saleté de la ville ne tiennent pas la route puisqu'il en a toujours été ainsi et avec tous les maires qui se sont succédé. Le retrait de confiance est tout simplement politique.» Politique ou non, il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui une session extraordinaire aura lieu à l'hôtel de ville au cours de laquelle, indiquent des sources proches de l'APC, des responsables de la wilaya devraient confirmer le retrait de confiance, ce qui ouvrirait la porte à des candidatures au poste P/APC. Depuis la défunte Délégation exécutive communale (DEC) - dont le président avait fini en prison pour de sombres affaires de détournement - et la tenue des premières élections législatives et communales en 1997, jamais aucun maire n'aura fait l'unanimité parmi les élus de l'assemblée. A commencer par le premier maire de l'ère de la démocratie, Tayeb Zitouni -ancien directeur des moudjahidine de la wilaya d'Oran- d'obédience RND, qui fit la manchette des journaux avec son «Je suis menacé de mort !», quelques mois seulement après son arrivée à la tête de l'APC grâce à un scrutin empreint de la fraude massive que l'on sait. Plus de dix années plus tard, on ignore toujours les dessous de «son cri d'angoisse» car, jamais Tayeb Zitouni -qui a continué jusqu'en 2002 d'exercer sa fonction de maire d'une ville livrée aux pires prédateurs de son histoire post-indépendance- n'a désigné quelque partie que ce soit comme étant à la source de la menace ; à peine a-t-il assuré à des journalistes curieux d'en savoir plus : «J'ai des dossiers que je révélerai au moment opportun.» Beaucoup de gens à Oran attendent toujours ces révélations. En 2002, le FLN revient en grande pompe et avec fracas sur le devant de la scène - notamment grâce à la gestion catastrophique des élus RND et leur implication dans des affaires de détournement et de malversations - et l'APC d'Oran hérite naturellement d'un maire issu du vieux parti, en l'occurrence Nouredine Djellouli. Celui-ci ne tardera pas, non plus, à susciter des haines aussi bien dans son entourage immédiat qu'au sein même de son parti où son indéfectible soutien à Ali Benflis, l'ancien chef de gouvernement et potentiel candidat à la présidentielle de 2004, n'était pas du goût de tout le monde. Avec l'officialisation de la candidature de Benflis, Noureddine Djellouli refusera de suivre la majorité de ses pairs, qui s'est rangée derrière le candidat Bouteflika, et continuera de soutenir activement l'ancien chef de gouvernement, en délaissant les affaires communales. Et ce sont précisément ces affaires qui le rappelleront brutalement à la réalité puisque, sur plainte du wali de l'époque, il sera, dans le cadre de plusieurs affaires, mis en prison et poursuivi en justice pour passation de marchés contraires à la réglementation, trafic d'influence et dissipation de biens. Son remplaçant, Nouredine Boukhatem, également d'obédience FLN, assurera l'intérim jusqu'aux élections communales, pendant quatre années, aux cours desquelles les affaires de la ville d'Oran n'ont pas particulièrement brillé. Enfin, les élections de 2007, également remportées par le FLN, installeront dans le bureau du maire «l'universitaire et intellectuel Sadek Benkada», selon les propos du wali Tahar Sekrane. Aujourd'hui, donc, le départ de Benkada devrait être officialisé et, à moins d'un rebondissement de taille, la ville d'Oran ne devrait pas tarder à faire la connaissance de son 18e maire depuis l'indépendance. Déjà, des noms issus de la majorité FLN circulent dans les couloirs : on évoque notamment Hammou Bachir, Hassam Zinedine, l'ancien maire Nouredine Boukhatem ou encore Bekkadja Nouredine, des élus qui ont déjà travaillé ensemble et que de sérieuses divergences séparent. Mais de cela, l'Assemblée populaire communale s'inquiète très peu, l'essentiel étant d'éjecter Benkada d'un siège qui doit revenir à un «vrai» militant du FLN.