Elle estime que l'amendement de la loi-mère n'aurait aucune crédibilité s'il était adopté par voie parlementaire. De la révision de la Constitution? Un troisième mandat pour le président de la République? La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, n'est pas contre. Elle annonce même son adhésion à cette approche. Seulement, elle pose ses conditions. Lesquelles? «Il faut, primo, qu'il y ait l'élection d'une assemblée constituante et, secundo, instaurer le système de révocabilité», exige la secrétaire générale du PT. Intervenant hier, lors d'une conférence de presse, animée au siège de son parti, à Alger, Mme Hanoune a estimé que «la limitation des mandats présidentiels est antidémocratique». Plus pointue dans ses propos, et sans insinuation aucune, elle précise que «seule l'instauration du système de révocation pourra limiter les mandats du président de la République». Autrement dit, si le peuple estime que le président devra être révoqué, sa volonté passera. Une vision qui pourrait certainement calmer certains qui ne cessent de jaser et de crier au feu quant à la possibilité de réviser l'article 74 de la Constitution qui limite le nombre de mandats présidentiels. Mais y aura-t-il une oreille attentive aux propositions de Louisa Hanoune? C'est en effet une simple interrogation qu'on posera lors de l'annonce des amendements à apporter à la loi fondamentale. Laquelle, faut-il le souligner, devra être adoptée par voie référendaire ou par voie parlementaire. Pour la secrétaire générale du PT, si le président opte pour la première option, le temps ne joue pas en sa faveur. «Nous sommes en retard pour organiser un référendum sur la révision de la Constitution» estime-t-elle, tout en ajoutant qu'il faut expliquer aux citoyens les amendements apportés à la loi-mère. Quoi qu'il en soit, Mme Hanoune favorise cette voie, du moment qu'elle permet au peuple d'exprimer sa volonté. A contrario, si le président de la République décide de réviser la Constitution par voie parlementaire, «ça sera une catastrophe». «Si l'amendement de cette loi passe par le Parlement, elle perdra de sa crédibilité», lance la première responsable du Parti des travailleurs. Cette dernière s'explique: «Les dernières augmentations des salaires des députés ne sont pas encore gobées par le peuple qui ne cesse de crier au scandale!» Pour Mme Hanoune, la revalorisation des salaires des députés «a déjà suffisamment décrédibilisé l'Assemblée populaire nationale (APN). Donc, si cette assemblée, contestée d'ailleurs après le vote sanction de mai 2007, avec un taux de participation de 35%, adopte la nouvelle Constitution, cette dernière n'aura aucun crédit!» explique la SG du PT qui n'a pas manqué l'occasion de tirer à boulets rouges contre les «élus du peuple» qui ont voté «pour la revalorisation de leurs propres salaires». «C'est scandaleux! C'est illégal!» crie Louisa Hanoune. «Car les députés ne sont pas des fonctionnaires, pour qu'ils soient mis sur le même pied d'égalité que les ministres-délégués», argumente la première responsable du Parti des travailleurs. «C'est un emploi fictif», ajoute-t-elle. «Les ministres délégués sont des fonctionnaires de l'Etat. C'est ce dernier qui les paie. Le député, par contre, est un élu du peuple. Il défend les droits des citoyens, dont celui relatif à la hausse des salaires des travailleurs», souligne l'oratrice. Cette dernière n'a d'ailleurs pas manqué l'occasion de revenir sur la manière dont a été pris en charge le dossier des privatisations des entreprises publiques. «Pourquoi refuse-t-on de présenter le bilan de la privatisation des biens de l'Etat?», se demande Mme Hanoune qui dit que «l'APN ne joue plus son rôle de contrôle». Au sujet de la taxe appliquée sur l'achat des véhicules neufs, la secrétaire générale du PT a indiqué que «la loi de finances complémentaire ne devra jamais apporter des taxes. Cela a été fait par ordonnance pour éviter de la faire passer devant l'Assemblée populaire nationale». Mme Hanoune persiste et signe: «Cette taxe est injustifiée, d'autant que l'argument brandi par le gouvernement, à savoir la mise en place d'un fonds de soutien au transport public, est inacceptable.» «Est-ce l'ensemble du territoire national qui est concerné par le tramway et le métro pour que la nouvelle taxe touche tous ceux qui veulent acheter un véhicule neuf?» se demande-t-elle. «Et puis le ministère des Transports a son propre budget pour financer le transport public!», conclut la secrétaire générale du Parti des travailleurs.