La carte politique des islamistes ressemble étrangement à celle des démocrates. Les islamistes ont peu d'arguments nouveaux, mais beaucoup de choses à dire sur la fraude. Les observateurs estiment que ces partis tentent, d'ores et déjà, de justifier l'éventuel échec face au FLN, en brandissant l'épouvantail de la fraude. Les mises en garde successives contre la fraude ont carrément dominé le discours des deux grosses formations rivales du FLN, le MSP et El-Islah. A la deuxième semaine de la campagne électorale, les états-majors des partis islamistes seraient convaincus qu'en l'absence d'un concurrent sérieux, le FLN est susceptible d'emporter la majorité parlementaire. Ces derniers s'appuient en fait, sur des éléments fort révélateurs. D'abord, l'absence des démocrates. Puis, la division des islamistes qui sont les principaux points qui encouragent les appréhensions. Viennent s'ajouter à cela les hésitations de la base de l'ex-FIS. En effet, les dernières sorties ne montrent aucun changement dans le discours, souvent axé sur la situation sociale et la réconciliation nationale. Cependant, les islamistes cachent mal leur division, voire celle de l'électorat islamiste. Le MSP et ses deux frères ennemis, en l'occurrence El-Islah et Ennahda, sont dispersés. «Chacun pour soi et Dieu pour tous.» C'est justement cet adage qui les divise. La carte politique des islamistes ressemble étrangement à celle des démocrates. La question du leadership en est la principale raison. En outre, le même problème de leadership entre les islamistes se pose même au sein de ces partis. En effet, les premiers signes sont apparus lors des dernières démissions dans les rangs d'El-Islah, qui, notons-le, préserve toutes ses chances grâce à la constance de son discours. Quant au MSP, l'on ressent déjà le forcing des jeunes militants avides de changement. Les observateurs arrivent au constat suivant: le FLN profitera avant tout, de la division séculaire des partis islamistes qui se font constamment de sévères critiques, ainsi que de la dispersion de leur électorat souvent déçu par le discours populiste de leur formation. Une hypothèse devenue de plus en plus plausible avec les coups durs que reçoit le RND depuis quelque temps, qui font que le FLN n'a plus de rival au sein du courant nationaliste. Cet optimisme ne veut surtout pas aussi dire que les partis islamistes enregistreront un résultat totalement négatif. Leur force de mobilisation demeure toujours considérable. Ainsi, ils peuvent créer à tout moment la surprise en exploitant le moindre événement politique ou la moindre erreur émanant de l'actuel gouvernement, à majorité FLN. Ce dernier, à travers les discours de son SG, M. Ali Benflis, a anticipé cette menace en agitant «le péril islamiste» en ressortant tous les discours populistes ainsi que leur passivité durant la décennie noire. Jusqu'où pourront aller les islamistes qui, aux premiers jours de la campagne, étaient donnés favoris? La campagne du FLN, jusque-là menée à bien par le secrétaire général du parti, pourra-t-elle amener les Algériens à se réconcilier avec ce parti? Ce sont, en somme, les deux principales questions qui s'imposent à 10 jours de la date fatidique du 30 mai. Le suspense sera certainement maintenu jusqu'au lendemain des élections si, entre-temps, aucun événement majeur ne vient bousculer les choses.