«Je ne comprends pas pourquoi on autorise encore ce genre de pratique. Ce n'est pas normal», s'étonne le docteur B. Fouzia. Malgré les mises en garde des spécialistes, les strictes recommandations du ministère de la Santé, dans certaines régions du pays, le rituel de la circoncision collective persiste sans que les conditions requises pour cette pratique ne soient réunies. Le Croissant-Rouge algérien a rassemblé, dans ce contexte, 31 inscrits, les dossiers, a-t-on appris, ont été transmis à la DSP (direction de la santé publique) puisque c'est elle qui contrôle et chapeaute les opérations, selon une note ministérielle, depuis la mutilation des huit enfants d'El Khroub. Le drame d'El Khroub a été effroyable. Les victimes, quelques jours après leur circoncision, ont été admises au centre hospitalier d'El Mansourah. Dès les premières consultations, les médecins avaient été horrifiés. Les enfants ont été mutilés tout simplement. Les complications avaient été qualifiées de très graves. Hémorragie, infection, la section incomplète du prépuce, la résection importante du prépuce, la rétention aiguë d'urine, la déformation de l'organe génital et l'amputation du gland. C'est une catastrophe qui vient de frapper les parents, alors que les enfants ignorent tout du traumatisme qu'ils vont porter jusqu'à la fin de leurs jours. A l'époque, les organisateurs se sont jeté la responsabilité et chaque partie se disait non concernée. Pourtant, l'acte était gravissime au point même où certains parents avaient souhaité la mort de leurs enfants au lieu de les voir souffrir toute leur vie. L'affaire, qui a été portée devant la justice, avait été jugée après un premier verdict et plusieurs reports. Les deux chirurgiens ayant opéré les enfants avaient été condamnés à une peine de prison ferme de deux années avec des amendes. Des enfants ont été irréversiblement mutilés en 2005 à El Khroub, à Constantine. Quelques cas ont été enregistrés à travers le pays et certains enfants ont même trouvé la mort quelques heures après. De l'avis du médecin du Croissant-Rouge qui a accepté de répondre à quelques questions: «Pour ce genre d'intervention qui est un geste chirurgical extrêmement délicat, toutes les conditions appropriées et toutes les précautions doivent être réunies.» Depuis le drame qui a touché les huit enfants à El Khroub, le ministère de la Santé a interdit l'utilisation du bistouri électrique. L'opération devrait se dérouler dans un bloc opératoire avec un «bistouri froid» et en tout état de cause, toutes ces précautions font l'objet de contrôle par la DSP, puisque c'est elle qui mène l'opération.