Ce sont les riverains de l'oued qui ont été le plus touchés par cette tragédie. C'est ce que nous ont décrit des rescapés des intempéries qui ont touché la région de Ghardaïa mardi et mercredi. «Nous avons vécu l'horreur, je n'ai jamais rien vu de tel, c'est la première fois que je vois ça», a indiqué Abd El Ghani, un habitant contacté par téléphone, de la commune de Ghardaïa, l'une des plus atteintes par les intempéries. Contacté par nos soins, ce quinquagénaire père de famille, visiblement secoué par les événements, a indiqué, dans son récit des événements qui ont frappé la ville et la région, que «ce sont des maisons entières qui ont été inondées, emportées ou carrément détruites par la seule force des eaux». Et il ajoute: «Il a un peu plu lundi, mais c'est la veille de l'Aïd et le mercredi que ça s'était gâté, c'était effrayant, la pluie ne s'est pas arrêtée une seule seconde et a fini par faire déborder l'oued M'zab qui a tout emporté sur son passage.» Selon notre témoin, ce sont les riverains de l'oued qui ont le plus été touchés par cette tragédie. «Les victimes sont celles qui étaient près de l'oued», a-t-il précisé. Ainsi, il a expliqué l'événement en indiquant que «depuis les années soixante jusqu'à maintenant, beaucoup d'habitations ont été construites à la limite de l'oued, ce qui l'a rétréci et changé, quelque peu, son cours. Aussi, lorsqu'il y a des pluies comme celles qu'on a connues mercredi, eh bien, ça déborde». D'autres témoins de la catastrophe ont indiqué que «des centaines de maisons ont été détruites mais des milliers d'autres ont été plus ou moins endommagées et sont pour l'instant inhabitables (...). Nous n'avons rien pu emporter avec nous, nous n'avons eu que le temps de nous enfuir», raconte un habitant de El-Gaba, à 6 km du centre-ville de Ghardaïa, devant sa maison remplie de boue, de goudron et d'autres gravats. «C'est inimaginable, une véritable catastrophe», affirme un autre habitant de la cité, tout en indiquant que quatre personnes sont mortes dans cette cité et que trois autres sont encore portées disparues. Par ailleurs, quant à la situation qui prévaut dans la région, elle se caractérise selon les dires de nos interlocuteurs, par l'«isolement» des habitants de la région. «On est isolés et coupés du monde, pratiquement 70% de la région est dans cette situation (...) ni électricité, ni gaz, et le téléphone, c'est vous, en me contactant, qui venez de me faire savoir qu'il marche, tout est fermé aux alentours», a-t-il déclaré, précisant d'autre part «il reste des endroits inaccessibles dont on ne connaît pas encore l'ampleur des dégâts». En effet, suite aux inondations qu'a connues la région du M'zab mercredi, l'eau, l'électricité, le gaz et le téléphone ont tous été coupés. Des quartiers entiers vivent actuellement reclus en raison de ces coupures. A ce sujet, le wali de Ghardaïa a annoncé, lors d'un point de presse, tenu jeudi au siège de la wilaya, que les différents secteurs ont entamé des opérations de rétablissement des réseaux endommagés (électricité, gaz, AEP, routes, communications...) au niveau des quartiers sinistrés du chef-lieu de la wilaya. Il a précisé que la reprise de l'alimentation en gaz et en électricité est en cours, avec les précautions d'usage afin d'éviter les accidents.