Les travailleurs de l'unité grues demandent l'annulation pure et simple de la cession de leur entreprise. Les travailleurs de l'unité grues de Béjaïa, affiliée à l'entreprise Enmtp, sont revenus une nouvelle fois à la charge en organisant, avant-hier, un rassemblement de protestation, au sein même de leur unité. Ce retour sur le terrain de la protestation trouve sa raison d'être dans l'évolution du dossier de cession de leur unité à un privé. Saisissant l'opportunité d'une correspondance de la SGP (Société de gestion des participations), adressée à l'acquéreur, le sommant de remplir les conditions, notamment financières, les travailleurs sont remontés au créneau. «Nous vous rappelons que le délai des trente jours arrêté pour la mobilisation des moyens de paiement au comptant de l'intégralité du prix de cession court à partir du premier septembre 2008. En cas de non-réception dans les délais impartis des documents de garantie de paiement, la SGP se considérera déliée de tout engagement sur cette opération», stipule le document en question dont nous détenons une copie qui nous a été remise hier par les responsables syndicaux de l'unité. Partant de ce constat, qui semble incontestable, ces derniers revendiquent purement et simplement l'annulation de l'opération de cession. Dans les cas où leur revendication, qui reste basée sur «la stricte application des conditions d'acquisition de leur outil de travail», pour reprendre les propos tenus par un représentant du syndicat hier, c'est toute l'entreprise Enmtp forte de 2200 travailleurs qui risque d'être paralysée par une grève illimitée. C'est en tous les cas la menace sérieuse proférée par nos interlocuteurs. Selon ces derniers, l'ex-chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, aurait déjà été saisi de cette affaire au même titre que le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), Abdelmadjid Sidi Saïd, qui aurait prêté une oreille très attentive aux doléances et aux craintes exprimées par les salariés de l'unité grues de Béjaïa. Ils espèrent que l'actuel chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, intercèdera en leur faveur dans la stricte application de la loi. Le chef de l'Exécutif qui demeure très sourcilleux, en ce qui concerne le problème de privatisation, ne manquera sans doute pas de s'y intéresser de très près. Les 154 salariés de l'unité de grue de Béjaïa n'ont pas cessé de crier à qui veut les entendre que «l'opération de cession est douteuse». S'agissant d'une cession à un acquéreur qui ne leur est pas inconnu, les travailleurs ont, depuis le début de la contestation, fait valoir la non-solvabilité de ce dernier. Pour rappel, la contestation menée par les travailleurs de cette unité a défrayé la chronique locale durant les mois de juin et juillet. Des rassemblements cycliques d'une journée par semaine ont marqué ce mouvement qui avait suscité beaucoup de solidarité de part et d'autre. En attendant le dénouement de cette affaire, c'est 154 familles qui se retrouvent dans le doute.