Les Algériens, habitués à l'assistanat, toucheront quand même leurs indemnités, en monnaie sonnante et trébuchante. L'Algérie ne cesse de subir les affres des catastrophes naturelles. En dépit de toutes les épreuves, ô combien délicates subies! on ne semble pas en tirer des enseignements. De ce fait, aucune disposition pour se prémunir contre les catastrophes n'est appliquée sur le terrain. Le contrat d'assurance contre les catastrophes naturelles (CAT-NAT) qui existe déjà, et qui est pourtant mis en place pour protéger les citoyens, ne semble pas pour autant intéresser les Algériens. Ces derniers sont-ils aussi mauvais élèves que l'on pourrait penser? Après les catastrophes enregistrées ces derniers temps, l'on est forcé de répondre par l'affirmative. Les dernières inondations qu'a connues la wilaya de Ghardaïa renforcent davantage cette assertion. Dans cette région, le nombre de souscripteurs de contrats d'assurance contre les catastrophes naturelles ne dépasse pas les 500. Un chiffre qui est, de loin, en deçà des «normes». Et encore, les contrats déjà signés «concernent l'assurance des entreprises et des structures publiques» souligne Amara Latrous, président-directeur général de la Société nationale d'assurance (SAA). «Alors que le nombre de particuliers souscripteurs est infime», ajoute-t-il. Mais qu'en est-il de la situation sur le reste du territoire national? Là encore, le constat est plus dramatique qu'on ne le pense. En effet, le taux d'assurance CAT-NAT dans le cadre des contrats d'assurance des logements, des constructions occupées et des entreprises industrielles et commerciales «ne dépasse pas les 10%». Le peu d'engouement pour ces mesures a de quoi donner le tournis. Pourtant l'ordonnance du 26 août 2003, promulguée après le séisme de Boumerdès, oblige les propriétaires de structures publiques bâties, logements, entreprises industrielles et/ou commerciales, à souscrire à l'assurance CAT-NAT. Les autorités chargées du suivi et de l'application de cette ordonnance savent pertinemment qu'elle n'a pas été appliquée. Et c'est le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, lui-même, qui le dit: «Cette loi n'a été appliquée qu'à hauteur de 30%.» Les Algériens, habitués à l'assistanat et à puiser davantage de la vache à lait qu'est devenue l'Algérie, toucheront, sans aucun doute, leurs indemnités en monnaie sonnante et trébuchante. Au diable donc les lois de la République, puisqu'elles ne produisent aucun effet! Il faut dire, dans ce sens, que l'application de la loi, dans toute sa rigueur, soit du ressort exclusif de l'Etat. Il est vrai maintenant que cela ne peut se faire en mettant le couteau sur la gorge des citoyens et les forcer à contracter une assurance. Néanmoins il est aussi du droit de l'Etat à ne pas indemniser ceux qui ne disposent pas d'assurance CAT-NAT. Cette solution peut être appliquée aux commerçants, propriétaires d'entreprises et autres, certes, mais l'application d'une pareille option sur les ménages n'est pas une sinécure. Une enquête réalisée en mai dernier par l'Irsico, pour le compte du Conseil national des Assurances (CNA), montre que peu sont les Algériens qui ont souscrit une assurance. Sur un échantillon de 1500 chefs de famille, répartis à travers huit (08) wilayas, 10% seulement affirment avoir souscrit une assurance. Ceux qui ne l'ont pas fait justifient leur désaffection soit par manque de confiance envers les compagnies d'assurance (20%), soit pour des raisons financières (35%). Tandis que d'autres affirment ne pas savoir que ce genre d'assurance était obligatoire. Cette enquête confirme en effet que la culture de l'assurance en Algérie est à promouvoir. Aujourd'hui, on peut souscrire une assurance contre le séisme, les inondations, les incendies...mais les Algériens le savent-ils? Même s'ils le savent, sont-ils conscients de la nécessité impérative de s'assurer contre les catastrophes dont les répercussions peuvent s'avérer dramatiques? En Algérie, c'est la sensibilisation des citoyens qui manque le plus. Un travail de fourmi et des efforts titanesques devront être consentis par les compagnies d'assurance. Pour ce faire, il faut donc beaucoup de temps, de volonté, et autant de moyens.