Pas moins de 1 500 entreprises publiques ont été dissoutes depuis 1996. Les travailleurs ont été soit mis à la retraite pour ceux qui en ouvraient droit, soit invités au départ volontaire ou encore inscrits à la Caisse d'allocation chômage pour une période de 36 mois, durant laquelle ils percevaient des salaires dégressifs. C'était la période des vaches maigres pour l'Algérie qui n'arrivait pas à honorer ses dettes. Pendant des années, le patrimoine de ces entreprises à été laissé à l'abandon, voire à la dégradation. Des centaines de milliers d'hectares, des équipements payés en monnaies étrangères sonnantes et trébuchantes subissaient les affres du climat et de l'inconscience des dirigeants en charge des portefeuilles. Grandes surfaces (EDGA, Souks el fellah), officines étatiques totalisant près de 4 000 hectares de terrains industriels, matériel de chantier du BTPH (secteur le plus touché par la dissolution), vastes hangars ont été estimés par le CPE en 1998 à plus de 700 milliards de dinars, c'est-à-dire près de 10 milliards de dollars. Ce patrimoine aurait pu être rentabilisé à travers le changement d'activité ou encore la concession à de véritables investisseurs nationaux. Cela n'a pas été le cas. Aujourd'hui, les données ont changé. L'embellie financière dont jouit l'Algérie a permis à l'Etat d'engager un véritable programme de développement avec en sus un plan de sauvetage des entreprises publiques. Le patrimoine de celles dissoutes, notamment les terrains, pourrait être présentement rentabilisé à travers la concession au profit de producteurs nationaux qui pourraient créer de la richesse, de l'emploi, relancer l'économie et par là même la consommation. Le cas échéant, rouvrir les entreprises en les confiant à de vrais managers avec un contrat de performance, le renouvellement des équipements aujourd'hui obsolètes et un plan de formation en faisant appel à des étrangers si besoin est. Cela se faisait dans les années 70. L'Etat, lorsqu'il achetait des usines clés en main, ou des équipements de fabrication de biens, recourait aux services des experts du pays fournisseur. Il n'y a pas de raison pour que l'expérience ne soit pas renouvelée surtout que l'on ne cesse de parler de transfert de technologie et de savoir-faire. Il serait temps que ce soit les compétences algériennes qui en profitent. Cela permettra de sauver et/ou de créer de nouveaux emplois et de préserver un patrimoine en perdition. A titre d'exemple, si les entreprises du textile avaient bénéficié de l'aide nécessaire à leur redynamisation et à leur relance, elles auraient été à l'avant-garde de la fabrication des millions de tee-shirts, de survêtements à l'effigie de l'équipe nationale ainsi que des millions de drapeaux nationaux. Ils auraient été de meilleure qualité que ceux qui ont été confectionnés par les Chinois et autres amateurs. A ce sujet, la Sonipec devrait être assainie et les 400 emplois restants préservés. C'est une entreprise qui faisait la fierté de la maroquinerie et de la chaussure algériennes. Elle peut relever le défi. Le cas échéant son patrimoine sera lui aussi abandonné, voire dilapidé ou convoité par des rapaces qui n'attendent que cette occasion pour accaparer des richesses inestimables. F. A.